Devant la hausse fulgurante des troubles de santé mentale et les coûts faramineux qu’ils occasionnent, les milieux de travail sont l’endroit tout indiqué pour agir et endiguer l’hémorragie, soutient Christiane Legault, directrice du développement des affaires à Cyclone Santé.

« Nous vivons dans une économie de cerveaux, mais nos cerveaux n’ont jamais été aussi malades », s’est-elle exclamée jeudi dernier lors d’une conférence sur la santé mentale organisée par le Groupe entreprise en santé.

Pour les entreprises, les coûts liés aux troubles de santé mentale, majoritairement imputables à l’absentéisme au travail, ont été maintes fois évalués : ils atteindraient 800 milliards de dollars à l’échelle mondiale. Le plus grand fléau, la dépression, est d’ailleurs la première cause de présentéisme dans les milieux de travail.

« Les employés souffrant de dépression ont moins de jugement, manquent de concentration, ont des problèmes de mémoire et ont de la difficulté à prendre des décisions », explique Christiane Legault.

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Une multitude d’outils disponibles

Dans ce contexte, les employeurs ont un important rôle à jouer. « Cela nécessite parfois un changement complet de la culture d’entreprise », prévient-elle toutefois, en énumérant les mesures que les employeurs devraient sérieusement envisager pour veiller à la santé psychologique de leurs employés.

  • Offrir un bon régime d’avantages sociaux
  • Offrir un milieu de travail sain et sécuritaire d’un point de vue psychologique
  • Comprendre et reconnaître les signes et symptômes de la maladie mentale

« Les entreprises doivent comprendre que la maladie mentale n’est pas un problème administratif, mais un problème médical », souligne-t-elle.

Évidemment, les employeurs doivent aussi soutenir les employés dans leur processus de retour au travail par le biais de divers accommodements, comme un retour progressif ou la possibilité de faire du télétravail.

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Pour autant, ce ne sont pas tous les employés qui cessent de travailler durant le processus de guérison. Les employés qui choisissent de rester en poste doivent eux aussi pouvoir compter sur le soutien de leur organisation. « Le travail est souvent à la source de la maladie mentale, mais pour certaines personnes dont la cause est davantage d’ordre personnel, il peut aussi être un outil de guérison », note Mme Legault.

Miser sur le capital humain

En résumé, les entreprises doivent plus que jamais apprendre à valoriser le capital humain. Une bonne manière d’y arriver est la création de programmes de reconnaissance des employés et la mise sur pied d’initiatives liées au mieux-être et à la prévention.

Selon Christiane Legault, les organisations auraient aussi avantage à faciliter l’accès à certains services médicaux, même si ceux-ci ne sont pas couverts par le régime d’assurance. « Cela peut permettre d’accélérer le diagnostic, le traitement, et par le fait même, la période d’invalidité », avance-t-elle.

Dans le même ordre d’idée, les programmes d’aide aux employés (PAE) sont des outils précieux qui méritent une grande attention des employeurs, insiste Christiane Legault. « Certaines entreprises font peu de publicité pour promouvoir leur PAE. Ils ont peur que s’il est plus utilisé, ça va leur coûter plus cher. Ce sont vraiment des économies de bout de chandelle. Les PAE ne sont pas une dépense, mais un investissement. »

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