Souvent perçu comme l’ennemi numéro un de la productivité et de la santé des employés, le présentéisme n’a pas que de mauvais côtés, révèle un article scientifique cité par le Réseau Global-Watch.

Ce phénomène, qui consiste pour les employés à travailler malade, est largement reconnu dans le monde du travail pour générer une perte de productivité et des coûts élevés pour les employeurs.

Or, le présentéisme pourrait dans certaines circonstances permettre aux employés de maintenir un certain niveau de productivité et apaiser leurs craintes de prendre du retard. Il pourrait aussi avoir des effets bénéfiques sur le niveau d’implication dans leur travail et faciliter le retour au bureau, écrivent les chercheuses Caroline Biron de l’Université Laval et Maria Karanika-Murray de l’Université Nottingham Trent, au Royaume-Uni.

Les auteures ont défini quatre types de présentéisme, certains pouvant se révéler bénéfiques, alors que d’autres sont très néfastes.

Le présentéisme fonctionnel permet aux employés malades de continuer à travailler tout en préservant ou en améliorant leur état de santé. Ce type de présentéisme requiert toutefois un environnement de travail positif ou la sécurité psychologique est assurée. L’employeur doit en outre fournir des ressources suffisantes pour permettre au travailleur de réaliser ses tâches dans la limite de ses capacités.

Chez certains employés, le présentéisme peut aussi avoir un effet thérapeutique. La préservation des routines de travail, la camaraderie entre collègues et l’engagement dans des activités productives peuvent ainsi pallier les effets négatifs du présentéisme et contribuer à préserver le lien des salariés avec le milieu de travail. Ce type de présentéisme s’apparente à un retour progressif au travail qui contribue au rétablissement de l’employé, même si la productivité à court terme est plus basse.

En revanche, le présentéisme excessif mène l’employé à vouloir maintenir à tout prix son niveau de productivité au détriment de sa santé et de son rétablissement. Il s’observe généralement chez les employés qui ont une dépendance au travail.

De la même façon, le présentéisme dysfonctionnel entraîne à la fois une détérioration de la santé et une performance médiocre. Il engendre parfois de l’absentéisme. Les employés touchés par ce type de présentéisme disposent souvent de peu de ressources ou possibilités d’ajustement dans leur environnement de travail.

Comment favoriser le présentéisme « positif » ?

Les organisations qui souhaitent aider leurs employés à adopter une forme fonctionnelle de présentéisme doivent leur fournir des possibilités d’aménagement, comme une réorganisation ou une délégation des tâches, un horaire flexible et la possibilité de travailler à temps partiel.

Les gestionnaires et les salariés peuvent également identifier et définir ensemble des objectifs et des attentes clairs afin que les présentéistes puissent consacrer leur énergie aux tâches et priorités les plus importantes. Les attentes doivent être raisonnables et fondées sur leurs capacités réelles.

Le présentéisme thérapeutique peut quant à lui être utilisé dans le cadre d’un retour au travail après une absence pour cause de maladie ou pour aider les salariés à gérer une situation personnelle difficile et temporaire. Pour les présentéistes atteints d’une maladie de longue durée, l’objectif consiste à transformer le présentéisme thérapeutique en présentéisme fonctionnel dans le cadre du plan de retour au travail.

De façon générale, en adaptant la charge de travail et les tâches en fonction de l’état de santé, le gestionnaire et les collègues qui soutiennent le salarié malade contribuent à instaurer un environnement positif qui favorise le présentéisme fonctionnel.