Les promoteurs de régimes privés d’assurance médicaments doivent s’attendre à une forte hausse des demandes de remboursement liées à de nouveaux traitements de pointe pour le cancer, l’Alzheimer et les maladies inflammatoires de l’intestin au cours des prochaines années, selon le bulletin de santé 2025 de Beneva.

Les récentes avancées en médecine de précision ont permis de développer de nouveaux traitements qui ciblent spécifiquement les anomalies génétiques ou protéiques des cellules cancéreuses. En attaquant le cancer à sa source, ces traitements entraînent moins d’effets secondaires que la chimiothérapie.

Selon les données de Beneva, les prestations versées pour ces traitements ont presque quadruplé de 2014 à 2024. Une hausse principalement due à la forte augmentation du prix moyen de ses traitements, qui est passé de 7 800 $ à 14 700 $ sur la même période. La démocratisation des thérapies ciblées exercera certes une pression financière accrue pour les employeurs et les assureurs, mais apportera de nombreux bénéfices pouvant se révéler avantageux économiquement à long terme : retour au travail plus rapide, baisse de l’absentéisme, amélioration de la productivité, diminution des invalidités de longue durée, etc.

À l’heure actuelle, les thérapies ciblées sont utilisées pour traiter notamment le cancer du sein, le cancer du poumon, le cancer colorectal, la leucémie et le mélanome.

Beneva note qu’en moyenne, 85 % des survivants du cancer reprennent leur emploi dans les quatre ans.

Les maladies inflammatoires de l’intestin mieux prises en charge

Les lignes directrices canadiennes et internationales recommandent maintenant les médicaments biologiques comme traitement de première intention pour la maladie de Crohn et la colite ulcéreuse. Beneva note que ces médicaments permettent une rémission plus rapide et réduisent les complications comme les hospitalisations et les chirurgies.

Les données de l’assureur montrent que la proportion des incapacités de longues durées causées par la maladie de Crohn et la colite ulcéreuse parmi l’ensemble des pathologies gastro-intestinales est passée de 21,5 % en 2001 à 12 % en 2023. Cette forte amélioration s’explique principalement par le recours accru des médicaments biologiques, plus efficaces pour contrôler ces maladies.

Ces traitements sont certes coûteux, mais la substitution par des médicaments biosimilaires, comme Renflexis plutôt que Remicade, permet de réduire la facture des promoteurs de régime. Beneva souligne par ailleurs que l’accès précoce aux médicaments biologiques, en particulier chez les jeunes, est « décisif » pour ralentir la progression de la maladie et réduire l’incidence sur la capacité à travailler. Ces traitements plus avancés permettent de diminuer les absences prolongées et les coûts liés à l’invalidité.

Le Canada affiche l’un des taux de maladies inflammatoires de l’intestin les plus élevés au monde, avec plus de 322 600 personnes touchées, soit 0,8 % de la population. D’ici 2035, ce chiffre pourrait atteindre 1,1 %, selon Crohn et Colite Canada. Jusqu’à 25 % des patients atteints rapportent des limitations professionnelles et sociales, tandis qu’environ 10 % d’entre eux doivent quitter leur emploi. 

Alzheimer : le calme avant la tempête ?

Au cours des cinq dernières années, le nombre de demandeurs pour des médicaments contre la maladie d’Alzheimer a plus que doublé. Malgré tout, les montants remboursés pour ces traitements sont demeurés relativement stables, en grande partie grâce à l’arrivée de médicaments génériques qui ont permis d’absorber une partie de la hausse des coûts.

Cependant, avec l’entrée sur le marché de nouveaux médicaments coûteux, et avec plus d’employés nécessitant un traitement — y compris ceux diagnostiqués plus tôt — Beneva prévoit une augmentation des coûts dans les prochaines années. Ces nouveaux traitements, plus efficaces, permettront d’intervenir plus tôt dans la progression de la maladie, offrant la chance aux travailleurs de rester engagés, productifs et en meilleure santé pendant plus longtemps.

Un meilleur diagnostic précoce réduira aussi progressivement l’impact financier sur les régimes d’assurance collective, estime Beneva.

En mars 2024, près de 477 000 Canadiens de 65 ans et plus avaient reçu un diagnostic de démence, dont les deux tiers étaient des femmes. Selon les projections, 1,7 million de Canadiens vivront avec une démence d’ici 2050, soit trois fois plus qu’en 2020.