Pour les organisations canadiennes établies en Ontario et dans d’autres provinces, le nouveau congé férié ontarien, la Journée de la famille, rend encore plus difficile la tâche d’établir une stratégie nationale équitable en matière de jours fériés. En outre, certains employés pourraient même perdre une certaine marge de manœuvre au moment de choisir quand passer du temps avec leur famille. Voilà un des résultats d’un sondage réalisé auprès de 265 organisations canadiennes plus tôt ce mois-ci par la société d’experts-conseils en ressources humaines Hewitt & Associés.
Parmi les organisations qui ont participé au sondage, 71 % sont établies en Ontario et dans au moins une autre province. De ces organisations, plus de la moitié(58 %)ont une politique nationale à l’égard des congés fériés, c’est-à-dire qu’elles accordent le même nombre de jours de congé aux employés dans chaque province, quelles que soient les exigences provinciales. Actuellement, les exigences quant au nombre de jours fériés varient entre six jours(Nouvelle-Écosse et Île-du-Prince-Édouard)et 10 jours(Saskatchewan, Territoires du Nord-Ouest et Nunavut). Au Québec, il y a huit jours fériés.
Généreuses politiques de congés fériés
« En général, même les organisations établies exclusivement en Ontario offrent davantage que les exigences provinciales minimales à l’égard des congés fériés, note Lucie Paquet, conseillère principale en avantages sociaux auprès de Hewitt & Associés. En fait, 92 % des organisations offrent 10 jours de congé payés ou plus par année. »
Les jours supplémentaires sont souvent des congés mobiles, ce qui permet aux employeurs de désigner les jours où l’organisation ou certaines de ses fonctions seront fermées. Dans certains cas, les employés peuvent également avoir la possibilité de choisir ces congés mobiles à leur convenance. Plusieurs organisations utilisent ces journées supplémentaires pour donner aux employés une semaine complète de congé à la fin du mois de décembre.
Certains offriront un congé supplémentaire, d’autres non
Pour certaines organisations, l’intégration de la nouvelle Journée de la famille se fera sans hésitation. Les trois quarts des organisations établies en Ontario seulement ou en Ontario et ailleurs au pays, et qui ont une politique de congés fériés qui varie selon les provinces, offriront un congé payé supplémentaire à leurs employés. Les demandes des syndicats à l’égard de la Journée de la famille dépendront des dispositions des conventions collectives.
La ligne de conduite n’est pas aussi clairement définie dans les organisations qui sont établies en Ontario et ailleurs, et qui ont une politique nationale de congés fériés. « Les coûts et les pertes de productivité découlant d’un congé supplémentaire peuvent être énormes, explique Mme Paquet. Or, le gouvernement de l’Ontario place ainsi dans une fâcheuse position les organisations qui offrent déjà une généreuse politique de congés fériés, c’est-à-dire celles qui offrent à tous leurs employés, où qu’ils soient, le même nombre de jours de congé par année(en sus de leurs vacances). »
La promesse électorale de dernière minute du Parti libéral d’instaurer un nouveau congé férié s’est avérée populaire auprès des employés ontariens. En adoptant la Journée de la famille, l’Ontario a emboîté le pas à l’Alberta et à la Saskatchewan. Pour sa part, le Manitoba célèbrera également la Journée de la famille pour la première fois en 2008, connue sous le nom de Journée de Louis Riel.
« Les employés s’attendent à recevoir un congé supplémentaire et pourraient être déçus si l’organisation décide de consacrer un de leurs congés mobiles à la Journée de la famille, souligne Mme Paquet. Or, selon les résultats de notre sondage, c’est précisément ce qu’entendent faire environ la moitié des organisations qui ont une politique nationale de congés fériés. Environ 26 % des organisations sont indécises. Seulement 12 % de ces organisations ont décidé d’ajouter un congé férié supplémentaire. »
La communication est essentielle à la compréhension et à l’appréciation
Les organisations qui prévoient éliminer un jour de congé en substituant un congé mobile à la Journée de la famille devront prévoir une stratégie de communication claire afin d’éviter les réactions négatives. « De nombreux employés ne sont pas conscients de la générosité de leur employeur, ajoute Mme Paquet. L’organisation a tout intérêt à bien expliquer sa politique de congés et à souligner comment elle excède les exigences provinciales minimales. Il s’agit aussi d’une belle occasion de mettre en lumière d’autres mesures de conciliation travail-famille adoptées pour aider les employés, dont les horaires variables, l’achat de jours de vacances, les congés sabbatiques, etc. »
« Il est important que les employés comprennent que l’organisation ne fait pas preuve d’avarice si elle refuse d’accorder un congé supplémentaire, dit Mme Paquet. Il s’agit plutôt de trouver le juste milieu entre les heures personnelles et les heures travaillées, tant pour les employés que pour les employeurs. »