Une nouvelle étude publiée par l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST) relève les conséquences désastreuses pour les travailleurs accidentés lorsque ceux-ci ne se sentent pas crus ou soutenus dans leur épisode d’absence du travail.
Les chercheurs ont effectivement constaté l’importance de la réalité sociale des travailleurs pour mieux comprendre leur processus de réadaptation. Ceci a été effectué à travers la compréhension des représentations de la santé, de la maladie et de la douleur de travailleurs ayant une incapacité à retourner au travail à cause de douleurs d’origines musculo-squelettiques.
Changement de perspective
Le thème de la douleur est une composante majeure qui apparaît dans le discours de tous les travailleurs interrogés. La douleur peut être perçue comme, normale et sous contrôle dans le cadre du travail ou anormale et inquiétante, quand sa présence est constante et la récupération difficile. Lorsque cette douleur est considérée anormale elle peut produire une rupture au sein du quotidien et entraîner l’amorce d’une démarche médicale souvent complexe s’étalant sur plusieurs mois.
La douleur jouera le rôle de signal ou de baromètre pour juger des progrès ou des régressions dans l’évaluation de leur état et dans leur parcours vers la guérison. Cette représentation de la douleur aura une grande importance dans la détermination et la mise en place des stratégies de réadaptation.
Pour ces travailleurs, qui débutent leur réadaptation au travail, après en moyenne un an d’absence du travail, vivre avec une douleur persistante, sans moyen de contrôle sur elle provoque une altération de leur identité en tant que parent ou travailleur actif dans la société et réduit ainsi l’estime de soi. Ceci est d’autant plus percutant, lorsque la douleur est mise en doute.
Dans ce cas, les travailleurs mettront leurs énergies à résoudre ce problème, plutôt que de faire des stratégies concrètes pour retourner au travail. Ceux qui seront soutenus et crus partent ainsi avec une longueur d’avance et, lors du processus de réadaptation, ils se fixeront des objectifs plus clairs et orientés vers la reprise des activités professionnelles. La mise en place de stratégies pour gérer la douleur offrira des résultats positifs. Aussi, lorsqu’ils auront réussi à retourner au travail, plusieurs d’entre eux mentionneront avoir trouvé un sens à leur événement.
Une valeur ajoutée pour l’intervention
Les résultats de cette recherche, qui constitue une innovation dans le domaine des connaissances reliées à la réadaptation des travailleurs atteints de TMS, s’adressent surtout aux intervenants en santé et en sécurité du travail et aux conseillers en réadaptation. Ceux-ci pourront en tenir compte en établissant des plans d’action plus ancrés dans la réalité d’une personne atteinte des TMS. Étudier et connaître les représentations permet une compréhension approfondie des émotions, des attitudes et des comportements qui influencent les stratégies d’adaptation des patients en voie de guérison ou en réadaptation.