Une note socio-économique sur la santé rédigée par Guillaume Hébert et Jean-François Landry, chercheurs à l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS), met à mal les arguments en faveur de la privatisation du système de santé. En plus de souligner que le privé serait plus coûteux, moins efficace et moins accessible que le système public, les deux chercheurs démontent les lieux communs entourant le prétendu choc démographique et l’augmentation sans précédent des coûts en santé.
La note socio-économique fait la démonstration de la stabilité relative des dépenses publiques en santé, soulignant que ce sont en fait les dépenses privées qui sont responsable de la hausse des coûts. On peut y lire que depuis 25 ans, la proportion des coûts associés aux services hospitaliers et aux médecins est en diminution constante, étant passée de 63 % en 1980 à 45% en 2005, on remarque que les autres dépenses en santé, entre autres les dépenses associées aux médicaments, ont connu une progression importante, passant de 37% à 55% en 2005.
Quant à la privatisation complète ou partielle du système, les cas présentés permettent de dégager un avis clair. « Quand on observe les différents pays qui ont privatisé une partie de leur système rien ne nous encourage à faire de même. En Australie, par exemple, la privatisation a fini par coûter 1,3 MM $ à l’État. En Angleterre, le système public s’est dégradé à cause de l’arrivée du privé. Partout en Europe on voit que les coûts d’administration des assurances privées sont systématiquement plus élevées que celles des assurances publiques, sans compter qu’elles exigent de plusieurs médecins qu’ils se livrent à des tâches administratives », lance Jean-François Landry, co-auteur de la note socio-économique.
La note de l’IRIS s’attaque aussi à l’idée de choc démographique, qui sert souvent à justifier le recours au privé. « On nous dit : la population vieillit, il y a plus de personnes âgées pour chaque travailleur, nos finances publiques sont déjà serrées, bientôt l’État québécois ne pourra plus joindre les deux bouts. Pourtant, quand on se penche plus attentivement sur la question avec les outils socio-économiques appropriés, on voit que la réalité est tout autre. Le nombre de personnes dépendantes des travailleurs actifs est relativement stable car la hausse du nombre de personnes âgées est compensée par la baisse du nombre de jeunes. Il ne s’agit pas d’un poids qui s’ajoute sur les finances publiques, mais simplement d’un transfert d’investissement qu’il faut effectuer. Nous n’avons pas à craindre un choc démographique », affirme Guillaume Hébert, chercheur à l’IRIS.