La CSN considère que la proposition d’Ottawa d’instaurer des régimes de pension agréés collectifs sans obligation pour les employeurs de cotiser, constitue une occasion ratée. Alors que plusieurs pays ont procédé, au cours des dernières années, à des réformes importantes de leurs systèmes de retraite et que certains en sont à leur seconde réforme, le Canada fait du surplace avec des modifications cosmétiques qui ne répondent pas aux problèmes criants de pauvreté.

Pour Louis Roy, vice-président de la CSN, il faut plutôt obliger les employeurs à cotiser à un régime de retraite pour assurer une meilleure retraite à ceux et à celles qui n’ont pas un tel véhicule d’épargne. « Comment le ministre Flaherty peut-il être insensible au fait que la majorité des entreprises, dont 75 000 PME au Québec, n’offrent aucun régime à leurs employés ? », s’interroge-t-il. « Pourquoi le ministre des Finances ferme-t-il les yeux sur le fait que les régimes de retraite et l’épargne individuelle ont été durement frappés par la dernière crise économique ? Tout cela, alors qu’un nombre important d’entreprises ont fermé leur régime de retraite aux travailleurs et aux travailleuses les plus jeunes ou les ont convertis en régime d’épargne qui ne garantissent plus de revenu à la retraite ! »

On ne s’attaque pas aux vrais problèmes
Aujourd’hui, moins de 40 % des salariés canadiens cotisent à un régime de retraite agréé. La proportion des hommes qui participaient à ce style de régime est passée de 52 % en 1979, à 37,5 % en 2006. Pendant cette période, la protection des femmes a progressé légèrement, passant de 36,1 % à 38,9 %.

« Dans les faits, le ministre des Finances ne s’attaque pas aux vrais problèmes actuels du système de retraite », a déclaré Louis Roy.

Un nombre important de travailleurs n’ont pas accès à un régime de retraite. Plusieurs régimes ne leur permettent pas d’accumuler un revenu adéquat en vue de la retraite. Les régimes à prestations déterminées vivent une situation financière très difficile et, bien qu’ils représentent encore le meilleur véhicule pour permettre aux Canadiens et aux Canadiennes d’accumuler un revenu de retraite adéquat, ils disparaissent à vue d’œil. Il y a très peu d’encadrement législatif des véhicules d’accumulation de capital, particulièrement sur les choix d’investissements des participants, alors que des salarié-es et des retraité-es sont victimes des marchés financiers.

Des vraies solutions
La CSN veut qu’on s’assure que chaque travailleur puisse accéder à une retraite décente afin de contrer la pauvreté. L’augmentation des régimes de retraite provinciaux et fédéraux peut être un bon début leur permettant d’accumuler un revenu adéquat. Il faut également resserrer la législation afin de sécuriser les prestations promises suite à une fermeture ou à une faillite d’entreprise.

« Il est temps de réfléchir concrètement à un régime de retraite obligatoire en entreprise », d’indiquer Louis Roy. La CSN demande l’adoption d’une législation favorisant le droit pour tous les travailleurs d’être couverts par un régime de retraite auquel chacun des employeurs devrait verser une cotisation minimale.

Finalement, la CSN considère qu’il faut également s’intéresser de près à la petite entreprise. « Comme il y a un nombre important de petits employeurs, nous croyons que les régimes interentreprises et les régimes sectoriels constituent des pistes importantes à explorer rapidement », de conclure Louis Roy.