Le gouvernement libéral de Justin Trudeau s’apprête à annoncer la légalisation de la marijuana au Canada d’ici l’été 2018, rapporte l’Agence France-Presse.

Plus précisément, le projet de loi portant sur cette question sera examiné dans les toutes prochaines semaines, sans doute dès le 10 avril, avec pour objectif d’autoriser un usage récréatif de la marijuana au 1er juillet 2018, jour de la fête nationale, comme le précise le Financial Post.

Le quotidien national et l’AFP notent que cette perspective a fait bondir les valeurs des sociétés produisant cette drogue à des fins médicales en début de semaine à la Bourse de Toronto, soulignant par ailleurs que si cette promesse de campagne du premier ministre Trudeau se concrétise, il s’agirait d’une première dans un pays du G7.

Un marché de 4,2 À 6,2 G$ au Canada

La ministre de la Santé, Jane Philpott, a estimé lundi que nouvelle la loi « permettra de légaliser l’accès au cannabis, mais en même temps de réglementer et de contrôler son accès » pour les consommateurs. En encadrant son usage par la législation, Ottawa entend s’assurer « que les bénéfices seront tenus hors de portée des organisations criminelles », a-t-elle ajouté.

À lire : L’usage du cannabis médicinal en milieu de travail soulève des questions

Le résultat de cette annonce n’a pas tardé, puisque l’action de la société Canopy Growth, spécialisée dans la culture de « pot » médicalisé, a enregistré une hausse de 11 % à la Bourse de Toronto, pour s’établir à 11 $CAD. De son côté, le producteur Aurora Cannabis a lui aussi connu une augmentation identique, tandis que l’action d’Aphria, une compagnie du même secteur, gagnait 8,4 %, à 6,70 $CAD l’action.

Cette hausse spectaculaire des cours boursiers témoigne de l’importance du marché potentiel, relève l’AFP. L’agence de presse rappelle qu’à l’automne 2016, un rapport du directeur parlementaire du budget avait estimé le bassin de consommateurs potentiels au pays à quelque 4,6 millions de personnes pour 655 tonnes de cannabis par an, soit un marché représentant de 4,2 à 6,2 milliards de dollars.

La fin de près d’un siècle d’interdiction

Le texte de loi qui sera étudié au Parlement reposera en grande partie sur les travaux d’un groupe d’experts qui avaient émis, en décembre dernier, plus de 80 recommandations au gouvernement fédéral pour l’accompagner dans son action en vue de mettre fin à près d’un siècle d’interdiction de marijuana au pays.

Selon l’AFP, la tâche de fixer les normes sanitaires incomberait à Ottawa, tandis que chaque province serait responsable de mettre en place les réseaux de distribution en vue d’encadrer la vente de la drogue. Son achat et sa consommation seraient ainsi réservés aux personnes majeures et tout trafic ou vente à des mineurs serait passible de poursuites pénales. Enfin, les particuliers auraient le droit de cultiver jusqu’à quatre plants pour leur usage personnel.

Toutefois, l’agence relève que la possession de cannabis dans l’espace public serait restreinte à une trentaine de grammes. De plus, jusqu’à ce que la nouvelle réglementation entre en vigueur, les lois actuelles devront être respectées.

À lire : Toxicomanie au travail : agir pour éviter le pire!