Arrivé il y a moins d’un an au sein de la direction de la Caisse de dépôt et placement du Québec, Charles Émond se retrouvera maintenant dans la chaise du président et chef de la direction de l’institution.

Au terme du conseil des ministres, où la nomination de M. Émond a été entérinée, le premier ministre François Legault a confirmé, par l’entremise d’un message publié sur son compte Twitter, sa décision.

À son arrivée à la réunion, M. Legault s’était montré prudent, se limitant à dire que M. Émond possédait une « belle expérience » dans le secteur bancaire, en plus de vanter ses connaissances en matière d’investissement.

« C’est une personne qui a prouvé qu’il pouvait gérer du personnel, a dit le premier ministre, en mêlée de presse, mercredi. Il connaît bien l’économie du Québec. Il y a eu d’autres candidats que j’ai rencontrés et qui avaient de belles qualités. »

Le mandat de Charles Émond aura une durée de cinq ans. Il entrera en poste immédiatement, puisque Michael Sabia, à la tête de l’investisseur institutionnel depuis 2009, quittera à la fin de la semaine. Celui-ci se joindra à l’Université de Toronto, à titre de dirigeant de la Munk School of Global Affairs and Public Policy.

Charles Émond, nouveau président et chef de la direction de la CDPQ

« Diriger la Caisse est un défi que j’ai accepté de relever avec énormément de fierté et beaucoup d’humilité, mais aussi avec confiance parce que je sais que je pourrai m’appuyer sur l’expertise et le grand talent de nos équipes. La Caisse est une institution unique, avec une signature distinctive, parce qu’elle joue un rôle clé dans notre économie et porte son savoir-faire en investissement partout dans le monde, au service des Québécoises et des Québécois », a déclaré Charles Émond dans un communiqué.

« Je veux continuer de bâtir cette organisation pour qu’elle réponde bien aux grands défis de notre époque, dont celui de développer notre économie de demain, d’investir de façon durable, tout en générant des rendements pour nos déposants dans l’avenir. »

Robert Tessier, président du conseil d’administration de la Caisse, a souligné la « vaste expérience internationale et une connaissance approfondie des entreprises et du milieu des affaires québécois » de M. Émond.

« C’est un leader reconnu pour la qualité de son jugement, ses compétences à la fois techniques et de gestionnaire ainsi que pour ses habiletés de communicateur. Négociateur chevronné, Charles a tout au long de son parcours démontré sa capacité de mener à bien des dossiers complexes et importants en mobilisant ses équipes et en gérant les relations avec les différentes parties prenantes dans une perspective de long terme. C’est cette riche combinaison d’expériences et de compétences qui a guidé la décision du conseil d’administration, »

Une décision qui ne fait pas l’unanimité

Selon La Presse, le comité de sélection dirigé par le président du conseil de la Caisse, Robert Tessier, misait plutôt sur Macky Tall, actuel chef des marchés liquides et président et chef de la direction de CDPQ Infra.

François Legault et son entourage auraient toutefois penché en faveur de Charles Émond en raison de sa plus grande expérience dans l’industrie financière, alors que Macky Tall est surtout reconnu pour sa gestion de grands projets d’infrastructures. Lors de sa rencontre avec le premier ministre, Charles Émond aurait également fait meilleure impression du point du dynamisme et du leadership.

Un autre candidat était en lice : André Bourbonnais, ancien président et chef de la direction d’Investissements PSP aujourd’hui à la tête d’un fonds de capital privé de BlackRock à New York. Il avait l’appui du ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon. Il y a quelques jours, M. Bourbonnais aurait envoyé une lettre à François Legault pour laisser savoir qu’il se désistait, sentant probablement que les candidats de l’interne seraient favorisés.

« Il était important de choisir un candidat interne parce que cela envoie le message que M. Sabia a préparé le terrain », a confié à La Presse canadienne le directeur général de l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques (IGOPP) et ex-haut dirigeant de la Caisse, Michel Nadeau.

Diplômé de HEC Montréal, Charles Émond, âgé de 47 ans, est actuellement premier vice-président, Québec, Placements privés et planification stratégique. Avant son entrée à la Caisse en février 2019, il a travaillé pendant 18 ans à la Banque Scotia, où il a notamment occupé le poste de chef mondial de la banque d’affaires et des marchés des capitaux à Scotia Capitaux. Il siège aux conseils d’administration de Bombardier Transport et de l’Orchestre symphonique de Montréal, et a déjà présidé le conseil de Jarislowsky Fraser.

La Caisse a livré un rendement annualisé de 9,9 % au cours des 10 dernières années, tandis que la taille de son actif a presque triplé, pour atteindre 326,7 G$.

Avec La Presse canadienne