Les investisseurs ne sont pas toujours rationnels, loin de là. Une foule de biais de nature cognitive et émotive peuvent interférer dans leurs décisions de placement… et plomber le rendement de leur portefeuille. Comment garder la tête froide en tout temps?

« Il faut se concentrer sur les perspectives et les données à long terme », a soutenu Mathieu Tanguay, président et associé principal chez Gestion de portefeuille Triasima, lors de la conférence annuelle canadienne de l’International Foundation of Employee Benefit Plans qui s’est déroulée en début de semaine à Montréal.

C’est particulièrement important pour les régimes de retraite, qui ont des objectifs à très long terme, explique le gestionnaire de portefeuille. « Le tapage médiatique et les données au jour le jour ne devraient pas influencer les décisions. L’important est de se concentrer sur la relation risque-rendement plutôt que sur les gains et les pertes. »

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Éviter les biais comportementaux

L’un des biais comportementaux les plus répandus chez les investisseurs est le biais de confirmation. C’est-à-dire que les participants au marché ont tendance à rechercher l’information qui confirme leur opinion et ignorer celle qui la réfute.

Pour éviter de tomber dans ce piège, Mathieu Tanguay conseille de toujours analyser un titre selon différentes perspectives. Concrètement, cela passe par un mariage entre l’analyse fondamentale, quantitative (ratios) et technique. « On peut ainsi voir l’ensemble de la forêt, et pas seulement quelques arbres », affirme-t-il.

Beaucoup d’investisseurs affichent aussi une confiance excessive, ce qui les pousse parfois à multiplier les transactions totalement inutilement. Le problème, c’est que les coûts associés à ces trop nombreuses transactions amputent le rendement.

« Les investisseurs devraient toujours définir des règles de négociation objectives, recommande Mathieu Tanguay. Ils ont généralement des critères assez précis pour procéder à l’achat de titres, mais leurs raisons pour justifier des ventes sont souvent plus nébuleuses. »

Plus que de confiance, c’est d’une bonne dose d’humilité dont ont besoin les investisseurs. Parce qu’au fond, c’est toujours le marché qui a le dernier mot. « Il ne faut pas chercher à se battre contre le marché. On doit lâcher prise quand l’on réalise que notre thèse n’est pas la bonne », souligne M. Tanguay.

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Les atouts de l’analyse technique

Combinée à l’analyse fondamentale, l’analyse technique est un puissant outil que les investisseurs ont à leur disposition pour éviter certains biais comportementaux. En se concentrant sur le prix et le volume des titres, l’analyse technique est utile pour identifier de façon précoce les tendances et les renversements de tendance. « Elle est surtout intéressante pour savoir à quel moment acheter un titre, plutôt que pour déterminer quel titre acheter », indique Mathieu Tanguay.

Les investisseurs les plus avant-gardistes pourraient également s’intéresser à la théorie des marchés adaptatifs. Celle-ci stipule que les marchés sont la plupart du temps efficients et que les investisseurs sont généralement rationnels.

Cependant, en période de plus forte volatilité, lors de crises boursières par exemple, les comportements erratiques des investisseurs ont tendance à prendre le dessus et déséquilibrer les marchés. Les investisseurs qui seraient en mesure d’identifier les périodes où les marchés sont rationnels et celles où ils sont plus émotifs disposeraient de tout un atout pour ajouter de la valeur à leurs portefeuilles, croit M. Tanguay.

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