Une majorité d’employeurs du Québec considèrent les travailleurs âgés de 60 ans et plus comme « aussi performants », voire « plus performants » que l’ensemble des travailleurs plus jeunes.
Ils sont ainsi 64 % à les trouver aussi performants et 19 % à les trouver même plus performants que l’ensemble des travailleurs plus jeunes. Seulement 10 % les trouvent moins performants.
C’est ce qui ressort d’une étude réalisée par Léger pour le Conseil du patronat du Québec (CPQ), auprès de 351 professionnels qui ont un pouvoir décisionnel sur l’embauche d’employés dans leur organisation.
Il semble ainsi que les baby-boomers ont la cote auprès des employeurs : plus de 67 % d’entre eux se disent assez ou très intéressés par le recrutement de travailleurs de 60 ans et plus.
Ces employeurs les trouvent ainsi fiables, rigoureux, sérieux, sages, matures, patients, fidèles, dignes de confiance et qui ont l’avantage de l’expérience et du savoir-faire.
Mais les employeurs perçoivent aussi des freins à l’embauche de ces travailleurs de 60 ans et plus : d’abord le salaire plus élevé qu’ils pourraient commander, puis le fait qu’il s’agisse d’un engagement à court terme. Les employeurs appréhendent aussi les risques de blessures et de problèmes de santé.
« Il y a un potentiel de croissance pour le Québec à ce niveau-là. Si on avait le même taux d’activité que celui de l’Ontario pour les travailleurs de 60 à 69 ans, c’est un bassin de 86 000 travailleurs potentiels qui pourraient être disponibles dans les entreprises demain matin, si on avait en place les bons outils, les bonnes méthodes ou les bonnes informations », a souligné en entrevue Karl Blackburn, président et chef de la direction du CPQ.
Dans le cadre de cette étude, des employeurs ont fait état des difficultés à joindre les personnes de 60 ans et plus pour les offres d’emploi.
D’ailleurs, la majorité des entreprises n’ont pas de stratégie de recrutement adaptée pour rejoindre ces travailleurs d’expérience. Seuls 8 % d’entre elles ont instauré une politique ou des pratiques ciblées pour l’embauche ou la rétention de travailleurs d’expérience.
Aussi, 70 % ne connaissaient pas les ressources pour joindre les bassins de travailleurs d’expérience.
Le gouvernement du Québec a un rôle à jouer en la matière, admet en entrevue la ministre de l’Emploi, Kateri Champagne Jourdain. L’emploi des 60 ans et plus est même « une priorité », assure-t-elle.
« On se pose certaines questions, par exemple : qu’est-ce qu’on fait pour aider à rejoindre les clientèles éloignées, quels sont les leviers qu’on met en place pour favoriser l’adaptation des milieux de travail, qu’est-ce qui peut se faire au niveau des ressources humaines pour faciliter ce retour à l’ouvrage. On a déjà des services, mais on veut être encore plus présents pour nos entreprises, offrir un soutien optimal pour ceux-ci », ajoute la ministre.
Bien des travailleurs de 60 ans et plus souhaiteraient par exemple pouvoir continuer à travailler, mais en réduisant leur semaine de travail. Mais bien des entreprises n’offrent pas cette option.
M. Blackburn mentionne qu’il existe des exemples à succès, dans les quincailleries, par exemple, et qu’il faut mieux les faire connaître pour inspirer les autres.
« Le coffre d’outils qu’on va rendre disponible à l’été (…) il va être un modèle-cadre pour les discussions sur le recrutement, il va contenir un sceau pour que les entreprises puissent s’afficher comme des employeurs qui embauchent des travailleurs de 60 ans et plus. On aura également l’occasion d’avoir un répertoire des organismes qui vont pouvoir guider les entreprises et des ressources accessibles pour les employeurs et une banque d’experts qui vont pouvoir accompagner ces entrepreneurs-là dans la mise en œuvre du guide. On prévoit accompagner de façon très personnalisée 90 entreprises au cours des prochains mois », a confié M. Blackburn.