Parler de la santé des femmes a longtemps signifié parler de la santé reproductive ou sexuelle. « C’est important, mais il y a plus que ça, rappelle le Dr Timothy Foggin, directeur médical à Teladoc Health Canada. Bien des maladies peuvent se présenter chez n’importe qui, mais les symptômes ne sont parfois pas pareils chez la femme. L’impact peut donc être démesuré, et la prestation des soins doit parfois différer. »
Ainsi, les maladies cardiaques, traditionnellement associées aux hommes, sont la première cause de décès des femmes de 35 ans et plus. Elles sont responsables de plus de décès chaque année que tous les cancers réunis.
Certaines maladies ou certains troubles sont cependant propres aux femmes, comme l’endométriose ou la ménopause. « Certaines ne sont pas reconnues, déplore le Dr Foggin. Pas moins de 60 % des femmes atteintes n’obtiendront jamais de diagnostic d’endométriose. »
Il n’est donc pas surprenant d’apprendre qu’une femme sur trois estime que ses besoins ne sont pas satisfaits ou traités efficacement par le système de santé. En 2024, Teladoc Health Canada a mené un sondage auprès de femmes salariées pour comprendre leurs besoins. « Résultat : 87 % des répondantes trouvaient que les soins qui leur sont offerts ne sont pas suffisamment personnalisés pour répondre à leurs besoins et 60 % qu’elles ont du mal à accéder aux soins en matière de santé féminine », relate le Dr Foggin.
Le sondage a également fait ressortir trois besoins urgents : les soins préventifs (62 %), la santé mentale (52 %) et les maladies chroniques (44 %). « La ménopause est une priorité pour 25 % des répondantes, mais c’est un besoin plus prioritaire pour les répondantes de plus de 50 ans », précise-t-il.
Une répondante sur quatre estime que ses problèmes de santé ont une incidence modérée sur la productivité et la qualité du travail. Aussi, 42 % pensent que les problèmes de santé ont une influence peu élevée sur le sentiment de réussite au travail. « Les femmes réussissent bien, mais doivent mettre plus d’efforts à cause de bouffées de chaleur causées par la périménopause, et ce n’est qu’un exemple de symptômes, indique le Dr Foggin. C’est un état qui n’est pas encore bien compris. Beaucoup d’omnipraticiens disent qu’il n’y a rien à faire, que ça fait partie du vieillissement, mais ce n’est pas vrai ! Cela prend beaucoup d’énergie pour ne pas montrer aux collègues qu’on vit avec ces symptômes. On devrait pouvoir en parler. »
Le Dr Foggin insiste sur la nécessité d’aborder la santé des femmes. Le sondage révèle d’ailleurs que 73 % d’entre elles seraient plus susceptibles de rester chez un employeur qui soutient les besoins des femmes en matière de soins de santé. « Des services additionnels peuvent être ajoutés et il est également nécessaire de voir comment les services déjà en place peuvent être adressés aux femmes », conclut le Dr Foggin.