La Banque du Canada a abaissé mercredi son taux directeur d’un demi-point de pourcentage en le ramenant en 1,25 % dans la foulée du « choc négatif substantiel » provoqué par l’éclosion du nouveau coronavirus. Quant aux marchés boursiers, leur performance en 2020 dépendra avant tout de la capacité des gouvernements à contenir l’épidémie, affirment des analystes.

En annonçant sa décision, mercredi, la banque centrale a expliqué que le virus maintenant connu sous le nom de COVID-19 avait une incidence négative sur les « perspectives canadiennes et mondiales ».

L’économie du Canada avait montré des signes de stabilisation en janvier, mais le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, avait néanmoins ouvert la porte à un assouplissement monétaire si la faiblesse de l’économie était plus persistante que prévu.

Selon la banque centrale, il est « évident » que la croissance ne correspondra pas aux attentes au premier trimestre.

Le COVID-19 a perturbé les chaînes d’approvisionnement en plus d’ébranler la confiance des consommateurs. De plus, les blocus ferroviaires, les grèves des enseignants en Ontario ainsi que les conditions météorologiques hivernales ont pesé sur l’activité économique au premier trimestre.

Le communiqué de la banque centrale souligne également que celle-ci pourrait encore ajuster son taux directeur si la situation l’exige.

« Compte tenu de tous ces facteurs, les perspectives sont nettement plus faibles qu’elles ne l’étaient en janvier, est-il expliqué. À mesure que la situation évolue, le conseil de direction se tient prêt à ajuster de nouveau la politique monétaire au besoin pour soutenir la croissance économique et maintenir l’inflation à la cible. »

Une première baisse en près de cinq ans

Cette baisse du taux directeur est la première depuis l’été 2015. Elle ramène également le taux à un niveau qui n’avait pas été observé depuis le début de 2018.

Dans l’ensemble, les économistes s’attendaient à ce que la Banque du Canada opte pour un assouplissement monétaire puisque la veille, la Réserve fédérale des États-Unis, dans le cadre d’une annonce surprise, avait également annoncé une baisse d’un demi-point de pourcentage de son taux directeur dans le but d’amortir l’impact économique du COVID-19.

La décision de la Fed était intervenue à la suite d’une conférence téléphonique des banquiers centraux et ministres des Finances des pays du G7, dont le Canada, sur la façon de faire face aux répercussions découlant de la propagation du virus.

La Banque du Canada finalise généralement sa décision sur les taux mardi soir, ce qui signifie que l’institution a tranché après l’annonce de la Réserve fédérale.

Les marchés financiers s’attendaient à au moins une réduction du taux directeur de la part de la banque centrale cette année. L’annonce de mercredi signale qu’il pourrait s’agir de la première d’une série de baisses.

Des perspectives hautement incertaines

Dans un rapport publié en début de semaine, Mercer s’attend toujours à un scénario de croissance mondiale positive en 2020, mais admet que ce scénario comporte encore beaucoup d’incertitudes. Les analystes de la firme soutiennent que la situation économique pourrait « s’aggraver de façon alarmante » si l’épidémie devenait hors de contrôle et culminait en une pandémie mondiale prolongée s’accompagnant de nombreuses nouvelles mesures de confinement et de quarantaine partout dans le monde.

Malgré l’incertitude qui plane sur les marchés, Mercer continue de recommander une pondération neutre des actions cotées en Bourse, en privilégiant quelque peu les marchés émergents au détriment des marchés développés.

GLC Gestion d’actif soutient pour sa part que « les marchés ne se stabiliseront pas tant que la peur et le nombre de nouveaux cas n’auront pas cessé d’augmenter ». Entre temps, les investisseurs doivent s’attendre à une volatilité élevée sur les marchés boursiers. Les titres les plus malmenés actuellement, notamment les actions des marchés émergents, des transporteurs aériens et des secteurs liés au pétrole, pourraient connaître un redressement dès l’annonces de nouvelles « moins mauvaises ».

Les analystes de GLC tentent de rassurer les investisseurs en analysant la réaction des marchés lors des derniers épisodes d’épidémie. Au cours des 40 dernières années, le monde a dû faire face à 12 épidémies, dont le SRAS en 2003, Ebola en 2014 et Zika en 2016. Chaque fois qu’un tel événement s’est produit, les marchés ont eu une réaction d’aversion au risque relativement brève, marquée par une chute du cours des actions et une hausse du cours des obligations et de l’or, soutient la firme. Une fois le pic passé, les investisseurs cessent de fonder leurs décisions de placement sur la peur et s’appuient de nouveau sur les données fondamentales. Les marchés boursiers se redressent généralement de 6 à 12 mois plus tard.