Une pigiste travaille sur son ordinateur dans un café
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L’Institut économique de Montréal (IEDM) met en garde contre l’idée de considérer les pigistes comme des salariés en ce qui a trait aux conditions de travail, car une telle approche risque de détruire bon nombre d’emplois.

L’économie sur demande a en effet créé en moyenne plus de 60 000 emplois au Canada par année entre 2005 et 2016, raconte-t-on dans un communiqué, dont des personnes qui livrent l’épicerie, pellètent l’entrée, promènent le chien, tondent la pelouse, entre plusieurs autres.

Ces postes peuvent représenter des revenus supplémentaires ou encore un premier pas sur le marché du travail.

« La création spectaculaire de nouveaux emplois à temps partiel grâce à l’internet et à des applications a permis d’élargir la gamme de services pour lesquels les gens sont prêts à embaucher, en plus de faciliter grandement le fait d’œuvrer ou d’embaucher pour du travail occasionnel », rappelle Peter St. Onge, économiste senior à l’IEDM.

Malgré les bonnes intentions, obliger les employeurs à offrir des avantages sociaux aux travailleurs contractuels risque en fait de leur être bien plus nuisible, explique-t-il, en donnant l’exemple de la Californie.

« Une loi californienne entrée en vigueur en septembre dernier avait pour objectif d’améliorer les conditions des travailleurs à la pige. En pratique, elle a entraîné des licenciements massifs de travailleurs autonomes dans les médias et l’industrie du cinéma », note Peter St. Onge.

La réalité canadienne en est une « de grande mobilité ascendante », note-t-il. Une étude de 2012 basée sur des données du recensement a révélé que 83 % des personnes qui étaient dans les 20 % les plus pauvres en 1990 étaient passées à une catégorie de revenus plus élevés dix ans plus tard. En 2009, 40 % de ces personnes avaient même rejoint les deux premiers quintiles. Les emplois temporaires ou au bas de l’échelle sont souvent une condition préalable à la pérennité de ce phénomène.

« Au lieu de rendre l’embauche de pigistes et des travailleurs à temps partiel plus difficile, les gouvernements devraient la faciliter. La liberté de contracter et de travailler à sa guise n’est pas seulement un droit fondamental, c’est aussi l’un des moyens les plus efficaces d’aider les travailleurs marginaux qui ont besoin de ce premier échelon », de conclure Peter St. Onge.

Le rapport de M. St-Onge est disponible sur le site de l’IEDM.