Deborah Debas, conseillère principale, investissement responsable à Desjardins Gestion de patrimoine. Photo : James Wagner

Les régimes de retraite qui adoptent des principes d’investissement responsable ne font pas que favoriser des pratiques d’affaires plus responsables environnementalement et socialement. Ils se donnent également un puissant outil de gestion des risques financiers.

« L’investissement responsable, ce n’est pas de la philanthropie. Nous recherchons des rendements concurrentiels », insiste Deborah Debas, conseillère principale, investissement responsable à Desjardins Gestion de patrimoine.

L’analyse poussée que requiert l’intégration des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) aux portefeuilles de placement amène les gestionnaires à connaître de façon extrêmement fine les entreprises dans lesquelles ils investissent. Les risques sont ainsi plus faciles à prédire, et les opportunités, plus faciles à saisir.

« L’investissement responsable sert aussi à identifier les entreprises en mesure d’apporter des solutions aux enjeux de notre société avec leurs produits et services. Ce sont ces entreprises qui vont se distinguer dans l’avenir », soutient-elle.

Si les filtres d’exclusion sont encore utilisés par les investisseurs pour éviter de s’exposer à des secteurs très problématiques comme le tabac, les armes et l’énergie nucléaire, le courant actuel en investissement responsable favorise surtout l’intégration des critères ESG.

« Il n’y a pas d’entreprise parfaite. Ce que l’on vise en intégrant les critères ESG à nos décisions de placement, c’est de favoriser les meilleures entreprises de secteur, celles qui adoptent les meilleures pratiques. On investit aussi dans les sociétés qui se fixent des objectifs ambitieux de diminution de leurs impacts négatifs et d’augmentation de leurs impacts positifs, et qui fournissent les efforts nécessaires pour atteindre ces objectifs », précise Mme Debas.

Les critères environnementaux servent à évaluer la performance des entreprises dans un contexte de changement climatique. L’utilisation des ressources, l’impact sur la biodiversité et la sécurité des produits sur le plan environnemental sont quelques-uns des facteurs pris en considération.

Les critères sociaux, de leur côté, sont utiles pour déterminer si une société respecte les normes du travail d’un bout à l’autre de sa chaîne logistique, si elle s’assure de l’acceptabilité sociale de ses projets de développement et si ses activités ne mettent pas en danger la santé de la population, entre autres.

Enfin, les critères de gouvernance incluent notamment la diversité et l’indépendance du conseil d’administration, ainsi que la facilité pour les actionnaires d’échanger avec le comité de gestion et les hauts dirigeants de l’entreprise.

Un gestionnaire de fonds ESG va prendre en considération l’ensemble de ces éléments avant d’investir dans un titre. Il pourrait par exemple reconsidérer ses positions dans un fabricant de semi-conducteurs en forte croissance si sa gestion de l’eau, dont il a besoin en très grand quantité, est déficiente, ou encore si l’entreprise est en conflit avec la communauté dans laquelle elle est implantée concernant l’accès à la ressource.

« Un accès à l’eau difficile risque d’augmenter les coûts de production, et en tant qu’investisseur, je dois m’assurer que la communauté est d’accord pour partager ses ressources avec l’entreprise. Autrement, je suis à risque de voir mes investissements tomber à l’eau », explique Deborah Debas.

En tant qu’actionnaires, les investisseurs ont leur mot à dire sur la manière dont l’entreprise est gérée. Ils peuvent par exemple demander que les bonus versés aux dirigeants soient conditionnels à l’atteinte de certains objectifs ESG.

« Les entreprises sont généralement très ouvertes à échanger avec nous. Et quand ça ne fonctionne pas, on peut toujours s’allier à d’autres investisseurs et déposer une proposition d’actionnaires », souligne Mme Debas.

En choisissant d’intégrer l’investissement responsable à son portefeuille, l’épargnant mise sur des entreprises ayant des retombées positives sur l’environnement et les communautés, sans compromis sur la performance visée de ses placements, conclut-elle.