Jean-François Pelletier, directeur institutionnel à Schroders. Photo : James Wagner

Une fois à la retraite, les participants de régimes CD recherchent à la fois des revenus stables et de la flexibilité en matière de décaissement. À première vue impossibles à concilier, ces deux éléments sont essentiels dans la construction d’un portefeuille bien conçu.

« Il faut penser différemment les phases de décaissement et d’accumulation, explique Jean-François Pelletier, directeur institutionnel à Schroders. On doit envisager différentes catégories de produits de placement en fonction du type de revenu recherché. »

Par exemple, les dépenses essentielles comme le logement, la nourriture et les soins de santé devraient être couvertes par des sources de revenu stables et constantes. Par contre, les dépenses non essentielles, comme les voyages et les loisirs, plus facilement compressibles, ont avantage à être couvertes par des sources de revenu non garanties qui pourraient bénéficier d’une hausse des marchés financiers.

« Quand les rendements sont bons, on peut augmenter le niveau de consommation, quand les rendements son plus bas, on peut réduire les dépenses étant donné que les besoins essentiels sont déjà couverts par les sources de revenus garantis », indique-t-il.

La partie garantie du portefeuille est constituée de rentes achetées auprès d’assureurs et vient s’ajouter aux prestations versées par les régimes gouvernementaux.

La portion non garantie, quant à elle, peut contenir différents produits de placement selon les besoins et la tolérance au risque des participants. Si les fonds à date cible s’avèrent efficaces pour la plupart des participants, certains d’entre eux voudront peut-être davantage de personnalisation. Il est par exemple possible d’ajouter une composante de revenu fixe ou d’actifs de croissance à un fonds de revenu de base. « On doit alors prévoir l’accès à des services-conseils pour s’assurer que la répartition d’actif est optimale, mentionne Jean-François Pelletier.

Les portefeuilles les plus performants sont ceux qui fournissent des revenus partiellement garantis, poursuit-il. Une portion de l’actif peut ainsi servir à acheter une rente immédiate question de protéger le retraité contre le risque de longévité, et le reste de l’épargne accumulé peut être investi dans un fonds multiactifs qui offre un certain niveau de liquidité et un potentiel de croissance.

Encore mieux, Jean-François Pelletier suggère l’achat d’une rente différée à partir de l’âge de 85 ans. L’autre portion du portefeuille est pour sa part investie dans un fonds de revenu structuré pour fournir un revenu sur une période de 20 ans, soit de 65 à 85 ans. Le fonds de revenu fournit la totalité du revenu pendant la première phase de la retraite, tandis que la rente différée prend la relève à partir de 85 ans.

« Cette solution n’est pas encore possible au Canada, mais elle devrait l’être bientôt avec les changements législatifs proposés par Ottawa concernant les rentes différées », souligne-t-il.

Pour davantage de sécurité, le fonds de revenu peut aussi être conçu de façon à prévoir de l’actif résiduel à 85 ans pour couvrir d’éventuels besoins de liquidité. Plus la retraite avance, plus les besoins financiers sont difficiles à prévoir, en grande partie à cause de l’incertitude liée à l’état de santé, mentionne Jean-François Pelletier.