Les médecins commencent à être exaspérés de devoir fournir des certificats médicaux pour la simple et unique raison que les employeurs l’exigent en cas d’absence de leurs employés.

Selon la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), cette pratique engorge inutilement le réseau de la santé. « Un patient qui est obligé de consulter parce que son employeur va exiger un certificat médical va prendre la place d’un patient qui a peut-être un problème un peu plus grave », a indiqué à Radio-Canada la médecin de famille Élise Sasseville.

Pire encore, ces individus qui présentent un problème de santé mineure peuvent contaminer d’autres patients lors de leur passage à la clinique.

La FMOQ demande donc aux employeurs d’y aller avec parcimonie avec les exigences de certificats médicaux. Selon Sylvain Dion, vice-président de l’organisation, les médecins de famille voient passer de plus en plus de demandes de consultations « inutiles » pour des patients qui doivent s’absenter une ou deux journée pour des conditions médicales mineures.

Il ajoute que les employeurs doivent prendre conscience du fardeau que ce phénomène représente pour le réseau de la santé.

Les employeurs n’ont pas intérêt à faire de l’abus

Le Conseil du patronat du Québec (CPQ) soutient de son côté que les employeurs demandent rarement des certificats médicaux pour des raisons « frivoles ». Ceux-ci sont généralement exigés pour les absences de trois jours ou plus, ou si l’employeur a de bonnes raisons de croire que l’absence est injustifiée.

« Il n’y a pas un employeur qui est intéressé à faire de l’abus parce que pour lui aussi, ça génère de la paperasse, ça génère des mesures », a expliqué à Radio-Canada le PDG du CPQ, Yves-Thomas Dorval. La pénurie de main-d’œuvre, concède-t-il toutefois, peut mener les entreprises à gérer leurs ressources humaines de façon plus serrée.

Dans une chronique du magazine L’actualité en 2017, le Dr Alain Vadeboncoeur a compilé des dizaines de demandes de certificats médicaux toutes plus farfelues les unes que les autres provenant autant d’employeurs que de compagnies d’assurance.

Billet pour confirmer une grossesse, pour autoriser l’utilisation d’une bouteille d’eau, pour permettre le port de gougounes ou encore pour approuver l’utilisation d’une sortie de secours en cas d’attaque terroriste, l’imagination des employeurs n’a semble-t-il aucune limite, écrivait-il.

Selon lui, les employeurs devraient faire preuve de plus de jugement et y réfléchir à deux fois avant d’exiger des certificats médicaux à tous crins, « comme si le médecin était devenu une sorte de professionnel des ressources humaines et des absences au travail ».