La télémédecine, bien que prometteuse, est ralentie par une foule d’obstacles laissés en place par les gouvernements, déplore l’Institut économique de Montréal (IEDM).

À l’heure actuelle, à peine 1 % des Canadiens bénéficient de consultations à distance depuis leur domicile ou leur travail.

« Nous communiquons avec des proches ou des étrangers à l’autre bout de la planète. Nous effectuons des transactions bancaires en ligne en quelques mouvements de doigts en toute sécurité. Mais consulter virtuellement un médecin ou une infirmière, ça n’existe pas pour la très grande majorité des Canadiens », explique Patrick Déry, analyste associé senior à l’IEDM et auteur de l’étude.

« Pour la plupart d’entre nous, une visite médicale représente encore de longues heures d’attente et une journée de travail perdue. »

L’IEDM a identifié plusieurs obstacles qui freinent la progression de la télémédecine au pays. Par exemple, un médecin qui fournit des soins aux citoyens d’une province doit détenir un permis de pratique dans cette province, même s’il détient déjà une licence d’une autre province. Or, de plus en plus d’entreprises canadiennes offrent à leurs employés l’accès à des consultations virtuelles via leur régime collectif d’assurance.

« Un médecin qui fournit une telle consultation pourrait facilement renouveler une prescription pour un patient albertain, faire un suivi pour une Manitobaine atteinte d’une maladie chronique et diriger un patient québécois vers une consultation avec un spécialiste, le tout sans quitter son bureau », note l’étude.

Selon l’institut de recherche, assouplir ces règles soulagerait à la fois les patients et les systèmes de santé publics, très engorgés.

Les gouvernements des provinces ont aussi élaboré plusieurs conditions qui restreignent l’accès à la télémédecine à l’intérieur des systèmes publics. Celle-ci est souvent réservée à des patients vivant en région éloignée ou qui souffrent de conditions particulières.

L’IEDM point finalement du doigt la façon dont les médecins sont rémunérés. Selon elle, la rémunération à l’acte, qui représente environ les trois quarts des revenus des médecins canadiens, n’incite pas à accomplir des actes pour lesquels un paiement n’est pas prévu et ne favorise pas l’innovation dans la pratique médicale.

« Il existe aussi bien des situations ou des infirmières et des pharmaciens pourraient prendre la relève des médecins, autant dans la pratique virtuelle que dans la pratique traditionnelle. Leur permettre d’en faire plus libérerait cette ressource rare que sont les médecins », dit M. Déry.

En souligant les nombreuses études qui ont montré les bienfaits de la télémédecine en matière de fiabilité et d’efficacité, l’IEDM souhait que les gouvernements mettent « toute leur énergie à éliminer les barrières qui subsistent et qui empêchent plusieurs Canadiens de profiter des avantages de la télémédecine ».