Le passage involontaire au télétravail a des conséquences négatives pour les travailleurs, et encore davantage pour les travailleuses, à commencer par la difficulté à distinguer les moments de travail et les moments familiaux.

La séparation géographique entre le lieu de travail et le domicile n’existe plus avec le télétravail. Or, cette distinction supprime également le temps passé pour se rendre au lieu de travail, que ce soit en automobile, dans les transports en commun, à pied ou à vélo.

Et ce temps sert aussi de moment de réflexion, le matin pour organiser sa journée, le soir pour penser à autre chose que le travail, rapporte CTV.

Ce temps disparu servait aussi à gérer le stress au travail.

Aux États-Unis, 35 % des employés de bureau utilisent ce temps gagné pour travailler davantage, indique une enquête du Centre for Economic Policy Research menée auprès de 10 000 Américains.

Il pourrait être pertinent d’effectuer un faux trajet domicile-travail afin de recréer ce moment de séparation. Emmener les enfants à l’école peut remplir cette fonction. Et ne serait-ce qu’éloigner le plus possible le bureau à domicile de la chambre à coucher serait le minimum pour établir une distinction entre la journée de travail et la vie à la maison.

Les femmes sont particulièrement exposées aux conséquences négatives du télétravail. L’effacement de la séparation entre domicile et travail les place encore plus à risque de subir une division sexuelle des responsabilités familiales, parentales et de proche aidance, pointe le Conseil d’intervention pour l’accès des femmes au travail (CIAFT).

Certaines femmes sont encore plus exposées. « Avec l’isolement des télétravailleuses, on souligne qu’il existe un réel danger, pour les femmes victimes de violence conjugale, de perdre leur réseau professionnel et d’être ainsi plus exposées à la violence, souligne Danielle Fournier, la présidente du CIAFT. On constate aussi une invisibilité plus marquée des femmes immigrantes ou celles en situation de handicap, depuis l’application élargie au télétravail. »

L’organisme demande à Jean Boulet, le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, « de réaliser une profonde réflexion sur les impacts du télétravail, avec une analyse différenciée selon les sexes, et de mettre en place un cadre normatif équitable pour toutes et tous, afin d’éviter l’augmentation des inégalités entre les hommes et les femmes en emploi. »