Dr Stéphane Ledoux / Cité de la santé de Laval

Les pertes de productivité liées à la migraine sont considérables dans les entreprises canadiennes. Bien qu’il s’agisse d’un problème de santé relativement simple à traiter, la plupart des employés atteints n’ont jamais reçu de diagnostic.

« Il existe des critères standardisés pour diagnostiquer la migraine, ça ne prend que 5 à 10 minutes dans le bureau du médecin de famille », explique le Dr Stéphane Ledoux, neurologue à la Cité de la santé de Laval. Malheureusement, les patients sont mal traités. Seulement 4 à 26 % d’entre eux reçoivent un diagnostic et un traitement adéquat. La plupart des gens finissent par souffrir en silence. »

La migraine est une maladie récurrente, qui lorsqu’elle n’est pas traitée, se manifeste sous forme d’épisodes d’une durée variant entre 4 et 72 heures. La douleur est généralement localisée d’un seul côté de la tête et a un caractère pulsatif.

Elle est également associée à des nausées, des vomissements et une grande sensibilité au bruit, à la lumière et aux odeurs. Bref, elle empêche les gens de fonctionner normalement, que ce soit au travail ou dans leur vie personnelle.

Les épisodes migraineux sont aussi précédés d’une phase prémonitoire qui débute quelque jours avant l’apparition de la douleur. Durant cette période, on observe un changement de l’humeur, de la fatigue, de l’irritabilité et parfois un gonflement des articulations chez les personnes atteintes.

« La migraine est une cause importante de présentéisme et d’absentéisme, poursuit le Dr Ledoux. Les gens migraineux s’absentent en moyenne 2,2 jours par année et sont beaucoup plus susceptibles de tomber en congé d’invalidité. En courte durée, on parle en moyenne de 37 jours, et en longue durée, de 179 jours.

Maladie génétique

Selon des données de Statistique Canada datant de 2010, 8,3 % de la population souffre de migraine. Parmi elles, il y a trois fois plus de femmes que d’hommes. Par contre, Stéphane Ledoux souligne que ces données sont sous-estimées, car beaucoup de personnes atteintes ne consultent tout simplement pas.

On sait aujourd’hui que la migraine est avant tout une maladie génétique. Environ 15 % de la population est susceptible de développer la maladie.

En matière de traitement, le Tripta, apparu à la fin des années 1990, s’attaque aux symptômes de la migraine en inhibant la libération d’une molécule qui cause les maux de tête. « Deux heures après la consommation, les patients sont en parfaite condition et la douleur disparaît généralement complètement.

Pour les personnes plus lourdement atteintes, de nouvelles molécules, l’Emgality, l’Ajovy et l’Aimovig font actuellement leur entrée sur le marché. Sous formes d’auto-injection, ces médicaments inhibent la molécule responsable de la migraine pour une durée de 28 jours.

« Nous ne sommes plus dans le traitement symptomatique, mais dans la prévention. C’est une véritable révolution pour les patients les plus touchés », affirme Dr Ledoux.

Mais outre offrir une bonne couverture d’assurance médicaments, que peuvent faire les employeurs pour soutenir leurs travailleurs atteints de migraine? Avant tout, sensibiliser les employés à la maladie, les inciter à consulter s’ils présentent certains symptômes de la migraine et les informer que des traitements efficaces existent, suggère Dr Ledoux.

Puisque la migraine est une maladie aux symptômes épisodiques, les employeurs auraient également tout intérêt à se montrer flexibles en ce qui concerne les horaires de travail et les congés d’invalidité. « Je dois parfois mettre en arrêt de travail quelques jours un employé qui est non fonctionnel pendant seulement quelques heures », note-t-il.

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