Trop onéreux, le régime mixte d’assurance médicaments du Québec? C’est l’avis de la Coalition Solidarité Santé, qui a lancé lundi une campagne d’appui citoyen à un régime entièrement public d’assurance médicaments.

« Il est assez incroyable que les ministres Coiteux et Leitão fassent la leçon de la rigueur budgétaire sur toutes les tribunes alors qu’ils ne se sont jamais arrêtés à une des plus grosses dépenses du gouvernement : les médicaments prescrits, s’exclame Jacques Benoit, coordonnateur de la Coalition. Même le Commissaire à la santé et au bien-être, dans son rapport de mars dernier, écrivait que ce régime mixte privé-public était trop onéreux et méritait largement d’être révisé! »

Selon la Coalition, la population québécoise paie ses médicaments environ 30 % plus cher que la moyenne des pays développés. Quant à lui, le régime mixte privé-public ne permettrait pas au gouvernement de mieux contrôler les coûts.

Avec sa campagne « Le remède aux coupures, ça existe », l’organisme veut démontrer la nécessité et la faisabilité d’un régime entièrement public. Les citoyens sont invités à manifester leur appui par l’entremise d’un envoi automatisé d’une lettre à leur député.

« Cette politique serait rentable pour tout le monde, affirme Jacques Benoit. D’abord pour les entreprises qui verraient leurs coûts en assurances collectives diminuer, ensuite pour les citoyennes et citoyens qui paieraient leurs médicaments moins cher et auraient plus d’argent dans leurs poches, et enfin pour les finances publiques qui pourraient économiser plus d’un milliard de dollars par année, permettant ainsi de ne pas couper dans les budgets de la santé et de l’éducation, mais de mieux les financer. »

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Les génériques sauvent la mise

Les régimes privés, de leur côté, auraient bénéficié d’économies pouvant atteindre 5,7 % sur les médicaments sur ordonnance en 2013 si les médicaments de marque avaient été remboursés au prix des génériques, révèle une étude du Conseil d’examen du prix des médicaments brevetés.

Ce sont par ailleurs les régimes privés du Québec qui auraient réalisé les plus grandes économies. Cela s’explique entre autres par un taux de fréquence de délivrance nettement plus élevée dans la province.

L’étude constate également que le pourcentage d’ordonnances de produits génériques remboursées par les régimes privés canadiens est passé de 37 % en 2005 à 55 % en 2013, mais est toujours inférieur à celui des génériques remboursés par les régimes publics (71 %).

Les politiques d’établissement des prix de génériques mises en place par la plupart des gouvernements provinciaux ont, quant à elles, grandement réduit le prix des produits génériques remboursés par les régimes privés. En effet, ce prix est passé en moyenne de 63 % du prix de référence en 2010 à 42 % de ce prix en 2013, ce qui a entraîné des économies de 8 à 13 % du coût global des médicaments au détail.

En 2013, les médicaments génériques comptaient pour 70 % de tous les médicaments prescrits au Canada, ce qui le place au troisième rang des sept pays industrialisés analysés dans le cadre de l’étude.

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