Les mesures de confinement mis en place pour lutter contre la COVID-19 semblent avoir des effets pervers sur la santé mentale d’un très grand nombre de travailleurs au pays, révèle un sondage d’ADP Canada mené par Angus Reid.

Ainsi, 50 % des quelque 1912 adultes canadiens interrogés indiquent avoir des difficultés à soutenir le confinement. Environ 10 % de la population affirme même que sa santé mentale s’est « beaucoup » détériorée depuis l’entrée en vigueur des mesures de confinement.

Les Canadiens se disent préoccupés (44 %) et anxieux (41 %) en raison de la situation actuelle, rapporte Radio-Canada.

Un très grand nombre de répondants estiment également que les employeurs ne font pas suffisamment d’efforts pour soutenir la santé mentale des travailleurs. En effet, seulement 27 % des Québécois occupant un emploi disent bénéficier de ressources supplémentaires en matière de santé mentale de la part de leur organisation en cette période de crise.

Selon le sondage, c’est au Québec que les employés reçoivent le moins de soutien. En Alberta, 57 % des répondants soutiennent avoir accès à des ressources additionnelles en santé mentale, comparativement à 53 % en Ontario, 49 % dans les provinces de l’Atlantique et 47 % en Colombie-Britannique.

Interrogé par La Presse, le président-directeur général du Conseil du patronat du Québec, Yves-Thomas Dorval, explique que le très grand nombre d’emplois dans les PME au Québec pourrait expliquer en partie ces résultats.

« C’est peut-être que nos PME au Québec sont plus concentrées dans des secteurs comme le commerce au détail, les restaurants, le tourisme que dans d’autres provinces comparables, suggère-t-il. Il est possible que dans ces secteurs-là, il y ait moins de grandes entreprises. Souvent, les programmes d’aide aux employés se retrouvent dans les avantages sociaux de grands employeurs. »

Un autre sondage d’ADP Canada publié récemment révélait que les employés québécois travaillant dans les services essentiels accordent de moins bonnes notes à leur employeur concernant le respect des mesures de distanciation physique, la désinfection et le nettoyage des espaces de travail et l’installation d’équipements de protection que dans le reste du pays.

Les Québécois malgré tout moins affectés

Paradoxalement, le sondage montre que malgré un soutien de leur employeur jugé inférieur, les Québécois vivent mieux avec les conséquences psychologiques et financières du confinement que les résidents des autres provinces. Ainsi, seulement 20 % des Québécois se disent « durement touchés » par la crise actuelle, par rapport à 32 % des Albertains.

À l’échelle canadienne, 26 % des citoyens disent être durement touchés par la crise. Parmi ceux-ci, 24 % affirment traverser la pire période de leur vie.

L’attitude adoptée par les Canadiens face au confinement varie aussi grandement en fonction du sexe. Alors que le sentiment le plus marqué chez les hommes est l’ennui, c’est l’inquiétude et l’anxiété qui dominent chez les femmes.

Cela dit, l’optimisme est plutôt rare, peu importe le sexe. Seulement 12 % des femmes de 45 à 54 ans se disent optimistes. Chez les hommes, la cohorte la plus optimiste a plus de 55 ans : 25 % d’entre eux le sont.