Le manque de sommeil serait-il devenu le nouveau mal du siècle? Tout porte à croire que les conditions de travail d’aujourd’hui perturbent notre horloge biologique, révèle une étude française.

Selon l’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV), plus de la moitié des Français ne dorment pas assez et près d’un tiers déclarent souffrir d’au moins un trouble du sommeil. Pire encore, 16 % disent souffrir d’insomnie chronique.

La majorité des répondants (76 %) indiquent par ailleurs se réveiller au moins une fois par nuit, et 28 % affirment somnoler en journée, rapporte l’Agence France-Presse.

C’est sans surprise les travailleurs de nuit et à horaires variables qui sont les plus touchés. Ceux-ci, dont la proportion a doublé en moins de 20 ans, dorment en moyenne une à deux heures de moins par 24 heures que les travailleurs de jour. Au bout d’une année complète, cela équivaut à 30 à 40 nuits de moins.

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« Lorsqu’ils ne respectent plus l’alternance vitale éveil/jour, sommeil/nuit, les rythmes et organisations de travail perturbent complètement notre sommeil avec un coût social et de santé considérable », déplore à l’AFP Joëlle Adrien, neurobiologiste et présidente de l’INSV.

À long terme, le manque de sommeil est associé à un risque accru de développer une foule de problèmes de santé, comme les maladies cardiovasculaires, le surpoids, le diabète et le cancer, en particulier du sein chez les femmes.

Le télétravail, facteur aggravant?

Travailler de la maison peut sembler un bon moyen pour respecter un cycle de sommeil plus sain. Or, ce serait plutôt le contraire. Selon une récente étude de l’ONU, 42 % des salariés qui travaillent en permanence à domicile souffrent de problèmes de sommeil, comparativement à seulement 29 % des employés qui travaillent sur un lieu de travail.

Difficile à croire? L’étude explique que le télétravail mène souvent à un allongement et une intensification du travail « par chevauchement des temps de travail et personnel ».

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Le travail ne peut toutefois pas expliquer à lui seul les troubles de sommeil, la technologie aussi a une grande part de responsabilité. La lumière émise par les écrans stimule en effet la vigilance au même titre que le café. « L’hyperconnexion charge notre cerveau en permanence par des alertes, du zapping », explique à l’AFP Patrick Légeron, psychiatre des maladies liées au stress au travail.

Des enquêtes de l’INSV ont révélé que 40 % des 18-35 ans dorment avec leur téléphone allumé, et 12 % vont même jusqu’à répondre à des messages textes ou des courriels au milieu de la nuit.

Pour être en santé, vaut mieux ne pas travailler

Même si la majorité des Français affirment aimer leur travail (76 %), seulement 30 % d’entre eux estiment que « le travail, c’est la santé », selon la Confédération française démocratique du travail. Un travailleur sur cinq interrogé indique en effet éprouver des douleurs physiques « souvent ou tout le temps » toujours à cause de son travail. La même proportion d’employés se plaignent également de la détérioration des conditions de travail, en particulier le fait de « subir au quotidien des objectifs impossibles à atteindre ».

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