Conséquence de la fragilité de la reprise économique, de l’oscillation à la hausse de l’indice des prix à la consommation et du taux de chômage stable bien qu’élevé, les augmentations salariales réelles de 2011 et les prévisions de 2012 démontrent que les employeurs du Québec demeurent prudents et préoccupés par la nécessité de reconnaître la performance individuelle lors des révisions salariales.

Pour la première fois, dans le cadre de son dévoilement annuel des perspectives d’augmentation salariale, l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés a innové en s’associant à Normandin Beaudry pour présenter les perspectives au Québec. Cette initiative vise à outiller les entreprises en fonction de la réalité québécoise, tant régionale que sectorielle. Ce sont des experts en rémunération représentant 175 organisations comptant plus de 73 000 employés qui ont répondu au sondage.

« Ces nouvelles données spécifiques au Québec sont vraiment collées à notre réalité régionale et sectorielle. Elles vont sûrement aider les entreprises à mieux positionner leurs pratiques salariales par rapport à celles qui sont observées sur le marché », souligne Florent Francoeur, CRHA, président-directeur général de l’Ordre.

Prudence dans un contexte de fragilité économique
Les organisations du Québec prévoient donc dégager des budgets d’augmentations salariales de 2,7 % en moyenne, incluant les gels, pour l’année 2011-2012. Les budgets prévus sont donc légèrement plus élevés que ceux octroyés en 2009 et 2010 (respectivement 2,2 % et 2,5 %) et suivent la prudence démontrée par les employeurs au cours des deux dernières années. Ils demeurent nettement inférieurs aux budgets octroyés avant la crise économique où ceux-ci oscillaient plutôt autour de 3,6 %.

Selon Philip Longpré, CRHA, conseiller principal, rémunération et performance chez Normandin Beaudry, les employeurs du Québec semblent plus confiants vis-à-vis l’économie et désirent poursuivre les efforts d’augmentations salariales des dernières années. Par contre, les principaux indicateurs économiques présentent actuellement des tendances contradictoires, à savoir un taux de chômage encore élevé combiné à des pressions inflationnistes difficiles à anticiper forçant les décideurs à la prudence. « Selon le moment où les augmentations salariales auront effectivement lieu chez les différents employeurs du Québec, nous pourrions observer des variations importantes entre ce qui était prévu cet été et ce qui sera réellement octroyé en 2012 selon les aléas économiques actuels. »

Quelques distinctions régionales
Les budgets d’augmentations salariales des entreprises de la ville de Québec sont plus élevés (3,0 %) que ceux de Montréal (2,7 %) et du reste de la province. « Nous entrevoyons d’ici quelques années une harmonisation entre les salaires versés à Québec par rapport à ceux de Montréal, alors qu’on observait antérieurement des différentiels régionaux de l’ordre d’environ 5 % entre ces deux villes.»

Cette première édition québécoise permet d’entrevoir aussi les distinctions entre les employeurs de Montréal et ceux qui ont choisi d’avoir pignon sur rue en banlieue, dans les parcs industriels de la Rive-Sud et de la Rive-Nord. En effet, les employeurs de la couronne de Montréal octroient des budgets d’augmentations salariales légèrement inférieurs aux professionnels et au personnel technique et administratif (2,4 % au lieu de 2,7 % à Montréal).

Les petites entreprises semblent plus généreuses que les moyennes
Autre distinction notable, les petites entreprises octroient des budgets d’augmentations salariales significativement plus élevés que ceux des moyennes entreprises. À titre d’exemple, les postes des gestionnaires connaissent des différences significatives : 3,4 % dans les entreprises de moins de 50 employés, 3,0 % entre 151 et 250 employés et 2,6 % entre 501 et 1000 employés.

Pour Florent Francoeur, les entreprises du Québec doivent s’assurer d’une rémunération juste et équitable. « Dans le contexte économique actuel, il s’avère évident que les entreprises ne pourront plus seulement s’appuyer sur leur offre en matière de salaires afin d’attirer de nouveaux talents et de fidéliser leurs employés en poste. Des mesures non pécuniaires liées à la reconnaissance seront des éléments indispensables que les entreprises québécoises devront aussi mettre en place afin d’assurer leur compétitivité », a-t-il conclut.