Vous êtes tellement débordé au travail que vous ne savez plus où donner de la tête? Comptez-vous chanceux, un salarié français poursuit son ex-employeur pour l’avoir transformé en « zombie professionnel » tellement il s’ennuyait au bureau, rapporte l’Agence France-Presse.

Embauché en décembre 2006 chez Interparfums, une entreprise œuvrant dans le domaine de la parfumerie, Frédéric Desnad, 44 ans, a été congédié en septembre 2014 alors qu’il était en arrêt de travail depuis sept mois après un accident de la route dû à une crise d’épilepsie. Là où les choses deviennent plus inusitées, c’est que l’avocat de M. Desnard, Montasser Charni, affirme que la crise d’épilepsie en question a été causée par « l’ennui au travail », aussi appelé « bore-out ».

Après un début de carrière prometteur chez Interparfums, Frédéric Desnard a fait les frais d’une chute du chiffre d’affaires de l’entreprise. Sans tâches à réaliser, « il passait sont temps à faire des courses pour le président de la société », soutient son avocat, qui a décrit son client comme un salarié « détruit sur le plan moral et surtout physique ». Un tel manque de stimulation au travail l’aurait carrément « tué professionnellement », ajoute-t-il.

Frédéric Desnard touchait un salaire annuel de plus de 80 000 euros. L’avocat d’Interparfums, Jean-Philippe Benissan, a d’ailleurs plaidé que le salarié n’avait jamais envoyé un courriel à la direction pour se plaindre de sa situation, ni alerté le comité d’hygiène et de sécurité au travail. L’avocat de Frédéric Desnard a rétorqué que son client n’avait pas osé se plaindre dans un contexte de chômage de masse.

Le plaignant réclame 350 000 euros d’indemnités. Le tribunal rendra sa décision en juillet prochain.

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Un phénomène plus répandu qu’il n’y paraît

Aussi étonnant que cela puisse paraître, le phénomène du bore-out toucherait 30 % des salariés français, selon l’auteur Christian Bourion, qui a écrit un ouvrage sur le sujet. Il définit le bore-out comme une insuffisance, voire une absence de travail, conduisant à la dépression, soit exactement le contraire du burn-out.

Cité par de nombreux médias français au cours des derniers jours, l’auteur affirme notamment que « le vrai problème de la santé au travail ne serait pas la souffrance mais l’ennui, les agents publics ne feraient rien, les entreprises privées pas grand-chose et la cause de tout cela serait dans la surprotection des salariés français ».

Le blogueur de L’Express Vincent Olivier met toutefois en doute ce chiffre de 30 %, soulignant que « toutes les enquêtes menées depuis une dizaine d’années au moins montrent sans contestation possible que les salariés sont soumis à une pression de plus en plus intense » et que « l’accroissement global de la charge de travail est une réalité autrement plus dramatique » que le phénomène de l’ennui au travail.

Entre bore-out et burn-out, les employés ont l’embarras du choix!

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