Même si sa popularité ne cesse de grandir, l’investissement responsable est encore freiné par de nombreux mythes qui ont la vie dure. Rosalie Vendette, conseillère principale, investissement responsable chez Desjardins Gestion de patrimoine, a tenu à démêler le vrai du faux.

« L’investissement responsable n’est pas un effet de mode, assure-t-elle. Aujourd’hui, environ 68 000 milliards de dollars américains, soit la moitié des actifs mondiaux, sont engagés envers les enjeux environnementaux, sociaux et de bonne gouvernance (ESG). »

Au Canada, l’actif géré en fonction de critères ESG atteint 1500 G$, tandis qu’il approche les 500 G$ au Québec.

Malgré cet engouement, de nombreux investisseurs croient toujours que d’intégrer des critères ESG à leur politique de placement nuira aux rendements. « Énormément de recherches ont été effectuées, et dans 90 % des cas, il y a une relation positive ou neutre entre l’intégration de critères ESG dans les décisions de placement et les rendements obtenus », assure Mme Vendette, qui ajoute que les entreprises qui gèrent activement les risques ESG sont souvent mieux gérées de manière générale, ce qui se répercute sur leurs résultats financiers.

Pour les sceptiques, de plus en plus d’indices sont disponibles sur le marché pour suivre les rendements des placements responsables, surtout du côté des actions, mais aussi pour les titres à revenu fixe et les placements alternatifs.

Un autre mythe encore largement répandu en Amérique du Nord veut que l’intégration des critères ESG aille à l’encontre de la responsabilité fiduciaire des caisses de retraite. « C’est totalement faux, tranche Rosalie Vendette. De nombreux rapports indiquent même que c’est le fait de ne pas prendre en compte les critères ESG qui pourraient être considéré comme un manquement au devoir fiduciaire. »

Convaincu? Pour faire de l’investissement responsable, plusieurs stratégies sont possibles. La plus vieille consiste à exclure certains titres ou secteurs d’activités du portefeuille, le tabac et l’armement par exemple. Sans être nécessairement mauvaise, cette approche paraît plutôt simpliste aujourd’hui. « Ce n’est pas en évitant les problèmes que l’on va les solutionner », croit Rosalie Vendette.

Elle encourage plutôt les caisses de retraite à faire des investissements thématiques, c’est-à-dire à prendre leur décision de placement en se basant sur les données d’efficacité environnementale des sociétés et en intégrant les plus performantes au portefeuille.

Une autre option est d’investir dans des obligations vertes, qui visent spécifiquement à financer des projets de nature environnementales, comme les transports collectifs.

Pendant la période de détention des titres, les stratégies d’actionnariat engagé prennent le relais. Parmi celles-ci, on note l’exercice des droits de vote, les dialogues avec les sociétés en portefeuille et les propositions d’actionnaire.

« À quoi vont servir nos placements et nos caisses de retraite si dans quelques décennies on n’a plus de planète?, demande Rosalie Vendette. C’est aujourd’hui qu’il faut agir. »