Les dépassements de coûts de 450 millions de dollars à la cimenterie gaspésienne de Port-Daniel, en Gaspésie, forcent la famille Beaudoin-Bombardier à céder le contrôle du projet à la Caisse de dépôt et placement du Québec.

L’institution injectera 125 M$ de plus dans le projet, ce qui fait passer sa participation à 265 M$. De plus, la société de portefeuille BlackRock se joint au groupe d’investisseurs en finançant une débenture de 125 M$.

Au total, la participation de la Caisse dans le projet atteindra 55 %, comparativement à 45 % pour la famille Beaudoin-Bombardier.

Ces changements ainsi que la nouvelle ronde de financement ont été annoncés jeudi, en fin de journée, à la veille du dévoilement des résultats de la Caisse pour les six premiers mois de l’année 2016.

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Dans le cadre d’une entente avec Beaudier, la société d’investissement de la famille Beaudoin-Bombardier, la Caisse prend les rênes du holding Beaudier Ciment, principal actionnaire de l’entreprise Ciment McInnis, qui a annoncé la semaine dernière le départ de son dirigeant ainsi qu’un remaniement de sa direction.

Ainsi, le gestionnaire de la caisse de retraite des travailleurs québécois contrôlera sept des 11 sièges du conseil d’administration de Ciment McInnis.

« Nous avons décidé de fixer la situation, a commenté le directeur principal des relations avec les médias de la Caisse, Maxime Chagnon, au cours d’un entretien téléphonique. Nous avions déjà dit qu’un investissement supplémentaire se ferait à nos conditions. Là, nous les voyons. »

Celui-ci a ajouté qu’il s’agissait d’une « décision d’affaires » nécessaire pour régler une « situation difficile ».

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La Caisse assure que ce nouveau financement de 250 M$ sera suffisant afin de compléter le projet et ajoute que cette décision vise à « protéger le capital de ses déposants ».

« Avec la nouvelle équipe de direction et la nouvelle structure du capital, Ciment McInnis sera en mesure de saisir des occasions d’affaires et de générer des rendements pour les clients de la Caisse », a déclaré son premier vice-président pour le Québec, Christian Dubé, par voie de communiqué.

Initialement, le projet de cimenterie était appuyé par 450 M$ de fonds publics provenant d’Investissement Québec, ainsi que de la CDPQ.

Toutefois, à la fin du mois de juin, il avait été révélé que le coût du projet allait atteindre 1,5 G$, soit entre 400 M$ et 450 M$ de plus, ce qui avait provoqué l’ire de la ministre de l’Économie, Dominique Anglade.

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« Il n’y a pas de changement pour nos employés et nous sommes heureux de voir que le financement est assuré », a indiqué jeudi la directrice des communications de Ciment McInnis, Maryse Tremblay, en dirigeant les autres questions vers la CDPQ.

En dépit des importants dépassements de coûts, la Caisse a réaffirmé la rentabilité du projet après avoir procédé à une « réévaluation en profondeur ».

Les conditions du marché nord-américain du ciment sont actuellement meilleures qu’au moment de l’annonce du projet, en 2014, fait-on valoir, soulignant au passage une « hausse substantielle » de la demande.

Chez Ciment McInnis, le processus de recrutement à l’international est toujours en cours afin de de trouver celui qui remplacera le président-directeur général sortant, Christian Gagnon.

La cimenterie pourrait émettre 1,76 million de tonnes de gaz à effet de serre si elle atteint sa production maximale de 2,2 millions de tonnes de ciment par année principalement destinées au marché nord-américain.

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