Face à la menace croissante d’une pandémie de COVID-19, des gouvernements à travers le monde encouragent les entreprises à favoriser le télétravail pour ralentir la propagation du virus.

L’appel le plus pressant est venu du gouvernement japonais, qui a exhorté les employeurs du pays à inciter leurs salariés à travailler de chez eux, rapporte Reuters. Loin d’être anecdotique, cette recommandation fait partie intégrante d’une nouvelle stratégie gouvernementale de lutte contre le COVID-19.

L’échelonnement des horaires de travail est également évoqué, de façon à réduire les grands rassemblements, notamment dans les transports collectifs. Le gouvernement suggère aussi aux Japonais de travailler moins d’heures s’ils ne se sentent pas bien, dans un pays où le surmenage, connu sous le nom de karoshi, fait des ravages. « Nous voulons créer un environnement dans lequel les employés pourraient se sentir à l’aise de demander un congé de maladie s’ils en ressentent le besoin », a indiqué le ministre japonais de l’Industrie, Hiroshi Kajiyama.

La plus grande agence de publicité japonaise, Dentsu, a notamment demandé à tous les employés de son siège social de Tokyo de travailler de la maison, après que l’un d’entre eux ait été testé positif au virus. Le géant des télécommunications NTT Group fait aussi depuis peu la promotion du télétravail et des horaires décalés auprès de ses quelque 200 000 employés.

Une culture à changer

Le télétravail ne permettra peut-être pas d’endiguer l’épidémie, mais pourrait à tout le moins donner le temps au système de santé d’accroître sa préparation et sa capacité à traiter les patients, indique Eyal Leshem, directeur du Center for Travel Medicine and Tropical Diseases au Sheba Medical Center, en Israël.

Or, selon un récent sondage de Reuters, 83 % des entreprises japonaises indiquent ne pas autoriser leurs employés à faire du télétravail. Cette situation pourrait s’expliquer par une organisation du travail très particulière au Japon, a expliqué à l’agence de presse Parissa Haghirian, professeure de gestion internationale à la Sophia University de Tokyo.

« Les entreprises japonaises embauchent majoritairement des généralistes plutôt que des spécialistes. Les employés sont constamment déplacés d’une division de l’entreprise à l’autre, et ont donc besoin de beaucoup de soutien pour effectuer leurs tâches ». Les processus de travail n’étant pas aussi clairement définis et documentés que dans les sociétés occidentales, les Japonais peuvent plus difficilement travailler de façon indépendante.

Le Japon fait état d’environ 160 cas d’infection au COVID-19, sans compter les 691 personnes qui ont été infectées sur le bateau de croisière Diamond Princess, amarré au sud de Tokyo. L’enjeu est d’autant plus grand pour le Japon que les Jeux olympiques de Tokyo, qui doivent se tenir à la fin du mois de juillet, risquent d’être menacés si la propagation du virus ne parvient pas à être contrôlée.

Craignant une augmentation des cas de COVID-19, les autorités américaines ont elles aussi encouragées les entreprises à offrir davantage d’options de télétravail à leurs salariés, et à privilégier les vidéoconférences plutôt que les réunions en personne. Des appels semblables se sont fait entendre dans de nombreux pays, notamment en Corée du Sud, en Italie et en France.