Au Japon, les heures supplémentaires sont tellement excessives qu’elles mènent parfois… à la mort. Et malgré des efforts du gouvernement et des entreprises, les mentalités semblent difficiles à changer.

Selon un rapport remis en octobre dernier au premier ministre Shinzo Abe, un Japonais sur cinq risque de mourir au travail en raison d’un surmenage, rapporte Le Figaro. Le phénomène a pris tellement d’ampleur au cours de la dernière décennie qu’il a maintenant un nom en japonais : le « karoshi », qui signifie littéralement « mort par excès de travail ».

Plus de 20 % des entreprises japonaises ont déclaré que certains de leurs employés accomplissent plus de 80 heures supplémentaires par mois – 80 heures étant le seuil officiel à partir duquel il existe un risque sérieux de mourir par surmenage. Environ 12 % des entreprises affirment même que de nombreux cas dépassent les 100 heures. Les secteurs des technologies de l’information et du transport routier sont les plus affectés.

Pas moins de 96 travailleurs sont décédés d’un accident cardiaque ou cérébral causé par leur travail, selon les chiffres officiels dévoilés par le ministre de la Santé et du Travail.

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Des réformes nécessaires

Pour lutter contre le phénomène du « karoshi », le gouvernement japonais a approuvé une réforme qui permet aux employeurs de ne plus payer les heures supplémentaires des salariés gagnant plus de 112 000 $ par année, qui sont les plus propices au burn-out.

Les autorités voudraient également forcer les salariés à prendre cinq jours de congé par an, dans un pays où bon nombre d’entre eux se contentent des 15 jours fériés annuels pour prendre du repos.

Mais ces changements sont difficiles à implanter au Japon, où la présence au travail est érigée au rang de culture d’entreprise. « On m’a même rapporté des cas d’employés qui ne souhaitent pas rentrer trop tôt chez eux de peur du qu’en-dira-t-on de leurs voisins ou de leurs proches sur leur manque de sérieux », a indiqué aux quotidien économique Les Échos Christophe Duchatellier, le PDG d’Adecco en Asie-Pacifique.

Aux grands mots les grands moyens, des entreprises ont pris l’initiative de couper l’éclairage des bureaux à 22 h pour obliger les salariés à rentrer à la maison. Yahoo! envisage également d’adopter la semaine de travail de quatre jours… d’ici 2020.

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