Bien que populaires sur les réseaux sociaux, le télétravail à l’étranger demeure marginal chez les employés canadiens, selon un sondage de l’Institut national de la paie.

En réalité, 90 % des Canadiens et 93 % des Québécois ont continué de travailler depuis leur province de résidence tout au long de la pandémie. Ceux qui ont voulu changer d’air ne sont pas allés très loin non plus : environ les trois quarts sont restés au pays, alors que 26 % se sont installés aux États-Unis.

Même si la tendance en est encore à ses balbutiements, le sondage indique que 39 % des Canadiens seraient tentés de s’installer dans une autre province ou à l’étranger tout en conservant leur emploi actuel si leur employeur le permettait.

En revanche, l’attrait du travail à l’étranger n’est pas suffisant pour accepter une baisse de salaire. Ainsi, 80 % des Québécois ne partiraient pas pour des contrées lointaines si leur paie était réduite. Les quelques travailleurs qui seraient prêts à sacrifier une part de leur salaire ne sont pas disposés à le faire de beaucoup : seulement 4 % d’entre eux ont affirmé qu’ils accepteraient une baisse de 20 % ou plus en échange de la liberté de travailler n’importe où.

Les principales raisons qui pousseraient les Québécois à s’exiler en dehors de la province sont la possibilité de faire l’expérience d’une autre province ou d’un autre pays (42 %), faire des économies (30 %), améliorer la conciliation travail-vie personnelle (26 %), investir dans l’immobilier sur un autre marché (18 %) et se rapprocher de la famille et des amis (16 %). »

« Même s’il n’est pas encore courant de travailler de n’importe où, les employeurs canadiens devraient prendre les devants en préparant des politiques et des processus qui offrent aux travailleurs la souplesse qu’ils recherchent », soutient Peter Tzanetakis, président de l’Institut national de la paie.

Complications à prévoir

Le télétravail depuis une autre province, et encore plus à l’étranger, peut toutefois entraîner des complications réglementaires et fiscales pour les employeurs et les employés, ajoute-t-il.

Par exemple, si un employeur ignore qu’un de ses employés se trouve à l’étranger, il continuera de verser l’impôt sur le revenu à l’Agence du revenu du Canada ou à Revenu Québec selon le lieu de résidence supposé de l’employé. En même temps, l’employé pourrait devoir payer de l’impôt sur le revenu dans le pays où il se trouve, ce qui réduirait de manière importante le montant dont il dispose pour vivre.

Près de la moitié (48 %) des personnes interrogées au Canada et au Québec reconnaissait ignorer complètement les complications associées au travail transfrontalier.

« Déménager à l’étranger tout en continuant de travailler pour le même employeur n’est pas simple, explique M. Tzanetakis. Les travailleurs ne peuvent pas décider de partir du jour au lendemain sans consulter leur employeur et l’équipe de la paie. Cela pourrait avoir de graves conséquences pour les personnes et entraîner le non-respect des lois, donc l’imposition d’amendes aux entreprises. »