Steven MacLean était très émotif, mercredi, lorsqu’il s’est présenté à l’Assemblée nationale pour raconter l’histoire de son père invalide qui a eu du mal à joindre les deux bouts avant de mourir l’année dernière.

Victime d’un accident vasculaire cérébral à 50 ans, son père a vu sa rente d’invalidité de 1160 $ remplacée par une rente de retraite à l’âge de 65 ans. N’ayant pas cotisé pendant 15 ans, pénalisé, il s’est retrouvé avec un chèque de 679 $.

« Vous comprenez le stress, l’insécurité, les décisions déchirantes qu’ont vécus mes parents lors de la réception de la lettre qui les informait de cette pénalité », a déclaré Steven MacLean, la gorge nouée, lors d’une conférence de presse.

« Je cite mon père : “Le gouvernement vient d’annoncer que je ne suis plus invalide, mais je suis toujours incapable de marcher”. Pendant sept ans, cette injustice lui a grugé son énergie et lui a causé du découragement.

« Le 10 mars 2022, avec l’aide médicale à mourir, sur son lit, avant de nous dire qu’il nous aimait, il s’est excusé d’avoir été un gouffre financier pour la famille. Il aurait aimé laisser un héritage, mais il a laissé une dette à la place », a-t-il ajouté.

Steven MacLean était entre autres accompagné, mercredi, de l’avocate Sophie Mongeon, de Paul Lupien, président du conseil d’administration de la Confédération des organismes de personnes handicapées du Québec, et de la députée libérale Linda Caron.

Ensemble, ils ont rappelé la grande vulnérabilité des personnes invalides, et exhorté le gouvernement Legault à ne pas porter en appel une décision du Tribunal administratif du Québec donnant gain de cause à ces personnes.

Le 28 juillet dernier, le tribunal administratif a jugé discriminatoires deux articles de la Loi sur le régime de rentes du Québec à l’égard de 28 000 personnes âgées en situation d’invalidité. Le procureur général a décidé d’aller en appel.

« Pour le gouvernement et ses procureurs, ce sont des chiffres. Avec leur entêtement, ils s’attaquent aux plus démunis de la société », a poursuivi M. MacLean, avant d’interpeller directement le premier ministre François Legault.

« M. Legault, (…) il est encore temps de reculer, de montrer de la compassion et de prouver une fois pour toutes que vous respectez les aînés invalides », a-t-il lancé.

« Dans le contexte actuel de perte du pouvoir d’achat, de crise du logement, d’inflation ou de crise de l’itinérance, saisissez l’occasion de mettre fin à cette injustice », a ajouté pour sa part la députée Caron.

Eric Girard « très sensible »

Plus tôt, en Chambre, elle avait interpellé le ministre des Finances, Eric Girard, qui avait répondu vouloir limiter ses commentaires considérant que le dossier est devant les tribunaux.

M. Girard a évoqué la solvabilité du régime des rentes du Québec, en ajoutant tout de même être « très sensible » à la situation des personnes en situation d’invalidité.

Il a fait valoir qu’en 2022, son gouvernement avait bonifié les rentes des personnes invalides de 18 % et augmenté les prestations de 90 millions $ par année. « Notre gouvernement est conscient de la difficulté des personnes en situation d’invalidité », a-t-il dit.

Plus tard, son attachée de presse, Claudia Loupret, a expliqué que le procureur général portait le jugement en appel principalement parce qu’il contenait des « erreurs d’ordre juridique ».