Le choc démographique que s’apprêterait à connaître le Québec est un mythe, selon l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS). L’organisme affirme que la province fera plutôt face une transition démographique qui n’aura pas d’effets majeurs sur l’économie et les dépenses en santé.

« Quand on observe le portrait avec le dernier scénario de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ), on remarque que le bassin de population active diminuera d’ici 2030 d’un peu plus de 100 000 personnes plutôt que de 500 000. Ce nombre se mettra ensuite à croître à nouveau jusqu’à 2050 », expose Guillaume Hébert, chercheur à l’IRIS et auteur de la note socio-économique. Selon le chercheur, brandir le spectre d’un choc démographique est une stratégie maintes fois utilisée pour remettre en cause la pérennité des services publics.

Les chercheurs soutiennent que le vieillissement de la population que connaît le Québec est un phénomène lent qui est à l’œuvre depuis plusieurs décennies. Aujourd’hui, environ 16 % de la population est âgée de 65 et plus, une proportion qui devrait atteindre 25 % au début des années 2030 pour ensuite décroître progressivement.

Mais selon l’IRIS, il faut surtout tenir compte du taux de dépendance pour prévoir l’effet réel du vieillissement sur l’économie. Les populations dites dépendantes (qui dépendent de la population active), sont constituées des personnes âgées de plus de 64 ans et de celles âgées de moins de 20 ans. Or, la part des personnes de moins de 20 ans diminuera au cours des prochaines décennies, ce qui compensera en partie la croissance des 65 ans et plus. Malgré qu’une hausse du taux de dépendance est à prévoir, celui-ci demeurera inférieur à ce qu’il était au tournant des années 1960, soutient l’IRIS.

Une immigration plus forte que prévu ainsi qu’un taux de fécondité plus élevé sont également des facteurs qui rendent improbable un choc démographique majeur.

Croissance modérée des dépenses en santé

Selon de nombreuses prévisions réalisées au cours des dernières années, le vieillissement de la population fera augmenter les dépenses en santé de façon insoutenable. Encore une fois, l’IRIS met en doute ces conclusions, notamment celle du Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO) qui prévoit que les dépenses publiques de santé atteindront 13,5 % du PIB de la province en 2030, comparativement à 8,4 % en 2013. La projection de l’IRIS révèle plutôt que le vieillissement ne contribuera que pour 1,28 % dans l’augmentation des dépenses en santé.

Néanmoins, l’organisme concède que la hausse du nombre de personnes âgées requiert l’ajustement de certaines politiques publiques. « La priorité devrait être d’éviter les gaspillages et les autres dysfonctionnements qui grèvent les ressources disponibles et qui nuisent à la santé. Les nouveaux médicaments qui n’apportent aucun bénéfice thérapeutique ou encore le phénomène de surdiagnostic qui a pour effet de considérer comme malades des bien portants peuvent être limités, ce qui dégagerait des ressources pour des besoins plus urgents », affirme Guillaume Hébert.

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