La Banque du Canada a prévenu mercredi que le ralentissement lié à la crise de la COVID-19 serait le pire jamais enregistré et que la reprise économique dépendrait de l’efficacité des mesures actuelles pour maîtriser la pandémie.

La banque centrale a annoncé qu’elle maintenait son taux d’intérêt directeur à 0,25 %, qu’elle considère être sa « valeur plancher », pour lutter contre les impacts économiques du COVID-19.

La Banque du Canada avait déjà abaissé à trois reprises son taux d’intérêt directeur depuis le début mars, notamment par l’entremise de deux annonces non prévues, présentées comme des mesures d’urgence alors que s’installait la pandémie.

Si les conditions s’améliorent rapidement, le choc économique devrait être « soudain et marqué, mais relativement court », et suivi d’un fort rebond pour la plupart des secteurs de l’économie, mais pas tous.

Un scénario plus grave verrait probablement un « nombre considérable » d’entreprises fermer pour de bon et de plus longues périodes de chômage, alors que les travailleurs seraient à la recherche de nouveaux emplois.

Un plus long ralentissement signifierait également que les ménages, les entreprises et les gouvernements pourraient avoir une dette plus élevée au moment où la reprise aurait lieu.

Quel que soit le scénario, toutes les possibilités suggèrent que « le ralentissement à court terme sera le plus prononcé jamais enregistré », indique la banque dans son Rapport sur la politique monétaire.

« Les perspectives dépendent grandement de la durée des mesures de confinement et de la façon dont les ménages et les entreprises s’adaptent », a affirmé le gouverneur de la banque centrale, Stephen Poloz, dans le texte de son discours d’ouverture pour une téléconférence matinale.

Il a ajouté qu’« un assouplissement monétaire considérable (serait) nécessaire pour préparer le terrain en vue de la reprise économique qui va suivre la période de confinement ».

Le Rapport sur la politique monétaire était le dernier auquel M. Poloz devait participer, son mandat à la tête de la banque centrale devant prendre fin le 2 juin. Il avait contribué à la préparation du tout premier rapport sur la politique monétaire, publié il y a 25 ans. « J’aurais souhaité que les circonstances soient plus favorables », a-t-il observé.

Net recul du PIB en mars

Le produit intérieur brut (PIB) canadien se serait contracté de 9,0 % pendant le mois de mars, selon une estimation préliminaire dévoilée mercredi par Statistique Canada.

Cette « prévision immédiate » de l’agence fédérale serait la diminution mensuelle la plus marquée du PIB depuis qu’elle a commencé à récolter ces données, en 1961. Toutefois, Statistique Canada a prévenu qu’il ne fallait pas s’attendre à ce que la qualité de ces estimations soit équivalente à celle de ses données officielles, qui seront publiées en mai.

Pour l’ensemble du premier trimestre, les estimations rapides de Statistique Canada se traduiraient par une contraction d’environ 2,6 % du PIB.

L’agence a expliqué que cette mesure préliminaire était « une estimation de l’ampleur de la perturbation économique découlant des mesures délibérées prises pour protéger la santé des citoyens canadiens ».

Les perturbations enregistrées en mars étaient « à la fois majeures et généralisées », a souligné Statistique Canada.

« Les industries les plus durement touchées par les mesures d’éloignement social et les restrictions gouvernementales comprennent celles liées aux voyages et au tourisme, comme le transport personnel, les restaurants et l’hébergement », a précisé l’agence.

D’importantes baisses ont aussi été observées du côté des services personnels, de la vente au détail autre que la vente d’aliments, des spectacles, des événements sportifs et de l’exploitation cinématographique.

En revanche, l’activité a progressé dans les secteurs de la santé, de la distribution alimentaire, de la vente au détail en ligne et de la diffusion en continu sur internet.

« Malgré la forte baisse des prix du pétrole et la réduction des activités d’investissement du secteur, les premières indications semblent montrer qu’en mars, il n’y avait pas encore eu de forte incidence sur les volumes de pétrole et de gaz extraits et transportés, les installations de stockage continuant de recevoir des stocks », a ajouté l’agence.

Le Fonds monétaire international (FMI) a prédit mardi une contraction de l’économie canadienne de 6,2 % pour 2020.