Les cas de violence et de harcèlement au travail, que ce soit d’ordre physique, psychologique ou sexuel, sont très loin d’être marginaux, selon une première enquête réalisée au niveau mondial par l’Organisation internationale du Travail (OIT), la Lloyd’s Register Foundation (LRF) et Gallup.

Pas moins de 23 % des quelque 75 000 travailleurs sondés à l’échelle mondiale disent avoir déjà été victimes de violence ou de harcèlement dans le cadre de leur travail, alors que 18 % l’ont été au cours des cinq dernières années, hommes et femmes confondues. Plus de trois victimes sur cinq indiquent avoir été fait l’objet de violences et de harcèlement au travail à de nombreuses reprises.

Dans l’ensemble, les hommes sont plus nombreux que les femmes à faire l’objet de violence ou de harcèlement physique (8,5 %). En revanche, les femmes sont surreprésentées dans les cas de violence sexuelle et de harcèlement sexuel (8,2 % de femmes, contre 5 % d’hommes).

Les jeunes femmes sont deux fois plus susceptibles que les jeunes hommes d’être exposées aux violences sexuelles et au harcèlement sexuel, tandis que les femmes migrantes sont deux fois plus susceptibles que les autres femmes de faire état de violences sexuelles et de harcèlement sexuel.

Les jeunes et les travailleurs migrants sont d’ailleurs identifiés par le rapport comme les groupes d’employés les plus à risque d’être victime de harcèlement ou de violence au travail.

Les données contenues dans ce rapport pourraient toutefois être sous-estimées, malgré l’ampleur de l’étude. En effet, seule la moitié des victimes dans le monde ont parlé de ce qu’elles ont vécu à quelqu’un d’autre, et souvent seulement après avoir subi plus d’une forme de violence et de harcèlement. Les raisons les plus fréquentes pour garder le silence sont qu’il s’agirait d’une « perte de temps » et de la crainte d’avoir « mauvaise réputation ». Les femmes sont davantage susceptibles de partager ce qu’elles ont vécu que les hommes (60,7 % en comparaison à 50,1 %).

« Il est douloureux de s’apercevoir que les gens sont confrontés à la violence et au harcèlement dans leur vie professionnelle pas seulement une seule fois, mais à plusieurs reprises », indique Manuela Tomei, sous-directrice générale de l’Organisation internationale du Travail pour la gouvernance, les droits et le dialogue. Le rapport nous montre l’énormité de la tâche à accomplir pour mettre fin à la violence et au harcèlement dans le monde du travail. J’espère de sa part des actions rapides sur le terrain et en faveur de la ratification et de la mise en œuvre de la convention 190 de l’OIT. »

L’organisme a effectivement rédigé en 2009 les premières normes internationales permettant de définir un cadre commun pour prévenir et éliminer la violence et le harcèlement dans le monde du travail. La convention comprend la reconnaissance spécifique, pour la première fois dans une législation internationale, du droit pour toute personne à un monde du travail exempt de violence et de harcèlement et définit les obligations nécessaires afin de respecter, promouvoir et réaliser cet objectif.

Le rapport inclut différentes recommandations, notamment la mise en place de collectes régulières de données robustes, l’élargissement des mécanismes de prévention et de surveillance dans les milieux de travail et l’augmentation de la capacité des institutions à soutenir efficacement les victimes.