Le Québec n’aurait pas réussi à « responsabiliser les employeurs en termes de régime de retraite pour leurs employés », selon un nouvelle note rendue publique par l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS).

Selon les calculs de l’IRIS, les prestations universelles ne permettent pas aux Québécois âgés de 65 et plus d’atteindre un revenu viable.

Le déficit serait d’environ 5 000 $ annuellement à Montréal, affirme-t-on dans un communiqué de presse. Pour l’ensemble de la province, près de la moitié des aînés vivant seuls ont un revenu insuffisant.

À lire : L’argent, source de stress

« Le portrait actuel montre l’échec du système à responsabiliser les employeurs en terme de régime de retraite pour leurs employés, indique Eve-Lyne Couturier, chercheure à l’IRIS et auteure de la note intitulée Évolution des statistiques sur les retraites. Malheureusement, les réformes récentes ne parviennent pas à améliorer la condition des personnes qui en ont vraiment besoin.»

Mme Couturier affirme que le nombre de personnes ayant recours au régime volontaire d’épargne-retraite (RVER) est « anémique », alors que la hausse du plafond de cotisations au REER favoriserait les personnes aisées qui peuvent épargner plus.

Sur les 2 millions de personnes qui n’ont pas de régime de retraite, seulement 70 000 avaient adhéré au RVER en date de septembre 2017. Cela représente 3,5 % de la population visée, affirme-t-on dans la note.

« L’avenir n’est donc pas rose pour les futurs retraités qui auront besoin de compter sur leurs propres moyens pour arriver à des revenus adéquats à la retraite », écrit Mme Couturier.

À lire : Politique de financement : réfléchir avant d’écrire

Elle ajoute que la réforme du Régime des rentes du Québec (RRQ) n’entrera pleinement en vigueur qu’après 2060.

Eve-Lyne Couturier note qu’il « est impossible de prévoir sa condition et ses besoins après 10, 20 ou 30 ans de retraite » et lance un appel pour réviser le système québécois afin que la responsabilité pour l’épargne-retraite ne repose pas uniquement sur les individus.

« Si on veut que les personnes âgées de demain aient assez d’argent pour vivre décemment, c’est une solution publique et obligatoire, avec la participation des employeurs, qu’il faut viser », conclut-elle.

À lire : RVER : Bien construire son régime de retraite

Mesurer le succès du RVER

Dans un courriel à Avantages, Retraite Québec a souligné que le succès du RVER « ne se limite pas spécifiquement au taux de participation des employeurs et des employés à ce régime de retraite », car l’employeur peut s’exonérer de l’obligation d’en offrir en offrant un autre type de régime collectif.

« Grâce à la Loi sur le RVER, quelque 808 000 travailleurs se sont vus offrir un régime d’épargne-retraite avec retenue sur le salaire. On peut donc présumer que des milliers de travailleurs supplémentaires cotisent maintenant à un régime d’épargne-retraite collectif; ce qui est très significatif pour les Québécois et les Québécoises », écrit le porte-parole Frédéric Lizotte.

L’objectif du RVER était d’offrir une meilleure retraite au plus grand nombre possible, rappelle-t-il, en créant une habitude d’épargne grâce à un régime simple, facile à instaurer et peu coûteux pour les entreprises. « Si tel est le cas, cela constitue un élément positif, en partie, attribuable aux RVER. »

À lire : Le RVER n’a pas dit son dernier mot

Quant à la bonification du RRQ, Frédéric Lizotte rappelle qu’elle entre en vigueur en janvier prochain. « Bien que le plein effet sur le montant de la rente de retraite sera atteint en 2065, d’ici là, une personne qui demanderait sa rente de retraite en 2021, par exemple, verrait sa rente augmenter au prorata des cotisations versées. »

À terme, les travailleurs qui gagnent un revenu équivalent à 100 % du montant des gains admissibles (MGA) ou moins bénéficieront d’une augmentation de 33% de leur rente. Les travailleurs dont le revenu atteint 114 % du MGA bénéficieront quant à eux d’une augmentation de 52 % de leur rente de retraite.

Du côté de l’Association canadienne des compagnies d’assurances de personnes (ACCAP), on a rappelé que les assureurs sont des partenaires tant des Québécois et des Québécoises que des employeurs et du gouvernement en ce qui a trait à l’épargne en vue de la retraite.

Les assureurs ont versé en 2016 près de 10 milliards de dollars en prestations de rente aux Québécois. « Nous continuerons à appuyer et à encourager toute mesure visant à assurer un revenu adéquat à la retraite. », écrit-on dans un courriel à Avantages.

Finalement, le rapport de l’IRIS fait le point sur le nombre croissant de personnes âgées qui demeurent ou retournent sur le marché du travail.

Au Québec, plus d’une personne sur cinq âgée de 65 à 69 ans fait encore partie de la population active. C’est plus de deux fois la proportion observée en 2002, conclut-on.

Pour télécharger la note de l’IRIS, c’est par ici.

À lire : Des prévisions économiques qui nuisent au marché