Dre Marie-Andrée Corbeil, endocrinologue à l’Hôpital de St-Jean-sur-Richelieu. Photo : James Wagner.

Le diabète est une maladie chronique qui ne se guérit pas, mais qui peut heureusement être bien maîtrisée. À condition de ne pas trop perdre de temps.

« Le diabète est une maladie sournoise parce qu’elle est souvent asymptomatique. Les complications s’installent sans que les patients ne s’en rendent compte », explique la Dre Marie-Andrée Corbeil, endocrinologue à l’Hôpital de St-Jean-sur-Richelieu.

Ces complications sont généralement causées par un mauvais contrôle de la glycémie. « Malgré les nouveaux traitements développés au cours des dernières années, nous ne sommes pas très bons pour atteindre les cibles », admet la Dre Corbeil.

Les complications chroniques causées par un contrôle de la glycémie déficient chez les patients diabétiques sont nombreuses et coûteuses. Par exemple, huit patients sur dix développent des complications macrovasculaires.

Depuis 2013, Diabète Canada recommande aux cliniciens « d’individualiser l’intensité du contrôle glycémique » pour chaque patient, alors qu’une cible unique était visée auparavant. Pour gérer la maladie plus efficacement, une intervention précoce et énergique est également de mise.

« Avant, on attendait beaucoup trop longtemps avant d’ajouter des médicaments. On était trop patient et on perdait du temps, soutient Marie-Andrée Corbeil. On est maintenant beaucoup plus interventionnistes en prescrivant plusieurs médicaments pour atteindre rapidement la cible et la maintenir. En passant moins de temps avec un mauvais contrôle de la glycémie, on peut réduire les risques de complications chroniques. »

Le traitement du diabète de type 2 implique la prise de nombreux médicaments. Les patients doivent souvent prendre une dizaine de comprimés au déjeuner. Pour arriver à trouver la bonne combinaison de médicaments, les médecins doivent prendre en considération l’ensemble des facteurs de risque du patient. Certains molécules, en plus de traiter le diabète, permettent notamment de prévenir les troubles cardiovasculaires.

L’éventail de médicaments disponibles pour traiter le diabète de type 2 s’est d’ailleurs grandement élargie au cours des dix dernières années, et l’efficacité des traitements s’est nettement améliorée.

« L’insuline et certains médicaments sont associés à des risques importants d’hypoglycémie. La RAMQ nous incite à prescrire ceux-là en premier parce qu’ils coûtent moins cher. Mais les hypoglycémies affectent énormément les gens dans leur vie et leur travail », explique Dre Corbeil.

Plusieurs médicaments plus récents, mais aussi plus chers, permettent d’éviter les hypoglycémies et les désagréments majeurs qu’elles engendrent. « Pour soutenir les employés atteints de diabète, les employeurs ne devraient pas hésiter à rembourser les meilleurs traitements », affirme l’endocrinologue.

Elle ajoute que la très grande majorité des diabétiques ne veulent pas parler de leur maladie au travail, ce qui complique la gestion de leur glycémie. Le défi est particulièrement grand pour les employés qui doivent respecter des quarts de travail rotatifs, ce qui implique des horaires irréguliers pour le sommeil et les repas.