Dr Yves Robitaille, interniste à l’Hôpital Pierre-Le Gardeur ainsi qu’au Centre de médecine métabolique de Lanaudière. Photo : James Wagner.

Le diabète engendre des coûts directs de 3,7 milliards de dollars par années au Canada, et c’est sans compter les conséquences liées à l’absentéisme et au présentéisme en milieu de travail. Heureusement, les nouvelles technologies de surveillance du glucose en continu pourraient changer la donne.

Environ 10 % de la population canadienne est atteinte du diabète. « C’est une maladie coûteuse, et la majorité des coûts proviennent du traitement des complications, et non du diabète en tant que tel. Pour réduire les coûts, il faut donc mieux contrôler la maladie », soutient le Dr Yves Robitaille, interniste à l’Hôpital Pierre-Le Gardeur ainsi qu’au Centre de médecine métabolique de Lanaudière.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le défi dans le traitement du diabète est le contrôle de l’hypoglycémie, et non de l’hyperglycémie, poursuit le médecin.

« Un patient qui est victime d’une hypoglycémie nocturne en a pour 24 à 36 heures à s’en remettre. Il risque de ne pas se présenter au travail ce matin-là parce qu’il en est tout simplement incapable », dit-il. Selon une étude française, le coût d’une seule hypoglycémie peut atteindre 3 000 $, notamment en raison de la perte de productivité qu’elle engendre au travail.

Pour éviter qu’un patient diabétique tombe en hypoglycémie, on doit être en mesure de suivre son taux de glycémie le plus précisément possible, ce qui n’est pas toujours évident. « Les bandelettes sont en train de devenir une technologie obsolète, car elles permettent seulement de constater le taux de glucose dans le sang à un moment précis, explique le Dr Robitaille. On ne peut pas voir ce qui se passe entre les prises de glycémie. »

De nouveaux dispositifs ont été lancés sur le marché au cours des dernières années pour corriger cette lacune. « Le système flash fonctionne très bien. Il lit la glycémie en continue, mais on doit tout de même interroger le système pour savoir ce qui se passe », indique le médecin.

Il propose d’aller encore plus loin et d’adopter la technologie de surveillance du glucose en temps réel. « Le gros avantage avec cette technologie, c’est qu’on a des alertes. Par exemple, le patient est averti que s’il ne fais rien d’ici 30 minutes, il sera en hypoglycémie. »

Le dispositif est connecté au nuage (cloud) ce qui permet aussi à une personne de l’entourage du patient d’être avisée en cas de problème, une fonctionnalité particulièrement utile pour les enfants.

Le Dr Robitaille est d’avis que tous les diabétiques traités à l’insuline quatre fois par jour devraient utiliser un dispositif de surveillance du glucose en temps réel. « La lecture en continue permet de réduire les risques d’hypoglycémie d’environ 75 %, et les patients qui disposent d’un tel outil sont plus souvent dans la cible du taux de glycémie optimal, soit entre 4 et 10. »

La technologie flash coûte en moyenne 200 $ par mois par patient, et la technologie en temps réel environ 300 $. Par contre, ces systèmes permettent de réaliser des économies de 4 à 6 $ par jour sur les bandelettes, soit entre 120 et 180 $ par mois. « Le coût supplémentaire n’est pas si important considérant les avantages indéniables que ces systèmes apportent aux patients », insiste le Dr Robitaille.