L’analyse poussée des données est en voie de bouleverser l’ensemble des secteurs d’activité, et le monde de l’assurance médicaments n’échappe pas à la tendance.
Qu’il s’agisse d’optimiser l’utilisation des garanties, d’améliorer la santé des participants, de personnaliser l’offre de services, de réduire les coûts des régimes ou encore de combattre la fraude, les promoteurs et les assureurs commencent à prendre conscience du pouvoir des données.
« Grâce aux données, on peut s’assurer de rembourser le bon médicament, au bon patient, au bon moment et au bon prix », affirme Marie-Hélène Dugal, gestionnaire du portefeuille de produits, gestion stratégique des médicaments à Croix Bleue Medavie.
Un algorithme de remboursement intelligent des médicaments peut être d’une aide précieuse lors de l’entrée sur le marché de nouveaux traitements très coûteux par exemple.
« Il y a quelques années, l’arrivée de médicaments biologiques novateurs pour traiter l’hypercholestérolémie a fait peur à beaucoup de gens dans l’industrie, car ces traitements coûtent environ 8 000 $ par année, comparativement à 300 ou 400 $ par année pour les statines génériques, rappelle Mme Dugal. On se disait que les régimes ne pourraient pas supporter une migration massive des patients vers ces nouveaux médicaments. »
C’est là que l’algorithme entre en scène. Avant d’autoriser le remboursement du traitement le plus coûteux, le système peut déterminer si le participant suit bien son traitement actuel, si la combinaison de traitements est adéquate, ou encore si la posologie est adaptée.
« L’idée est d’automatiser certains éléments sans avoir besoin de demander à l’assuré de remplir un formulaire à chaque fois, explique Marie-Hélène Dugal. On peut notamment produire automatiquement une autorisation préalable, ou bien ajuster la quote-part en temps réel. »
De nouveaux outils de visualisation permettent de comparer les données de différentes régions, villes, industries ou blocs d’affaires en fonction de différents paramètres comme la substitution générique, les coûts moyens et le design des régimes.
« On est ainsi en mesure d’identifier les maladies et les médicaments qui génèrent le plus de dépenses et cibler nos initiatives en conséquence », souligne Mme Dugal.
En analysant ses bases de données sous différents angles, Croix Bleue Medavie a pu dégager des tendances intéressantes. Par exemple, l’assureur a constaté qu’un nombre relativement important d’assurés prenait des doses d’opioïdes plus élevées que celles recommandées par les lignes directrices cliniques. Du côté de la santé mentale, l’analyse de données a révélé que seulement 8,6 % des participants qui consomment des antidépresseurs suivent une psychothérapie dans le cadre de leur régime de soins de santé.
Par ailleurs, 17 % des patients finissent par arrêter de prendre leurs antidépresseurs en raison des effets secondaires. Un enjeu similaire existe chez les assurés diabétiques : au bout d’un an, seulement 70 à 75 % des patients prennent leur médication au moins 85 % du temps. « Il s’agit de statistiques inquiétantes, mais qui peuvent mener à l’élaboration de solutions ciblées », suggère Marie-Hélène Dugal.