Les taux d’intérêt sont demeurés si bas pendant si longtemps qu’ils mettent aujourd’hui en péril le système de retraite des Pays-Bas, pourtant réputé comme étant le plus performant et le plus solide dans le monde.

La semaine dernière, le gouvernement néerlandais a prévenu ses citoyens que leurs prestations de retraite pourraient être légèrement amputées et qu’ils devraient possiblement payer des cotisations plus élevées pour maintenir les régimes à flot. L’annonce a créé une onde de choc dans un pays où les travailleurs et les retraités ont une confiance absolue dans leur système de retraite.

Celui-ci s’est encore cette année hissé au premier rang de l’indice mondial Mercer Melbourne. À vrai dire, depuis la création du palmarès il y a 11 ans, les Pays-Bas ont occupé le premier ou le deuxième rang à dix reprises.

Tout le monde ou presque dans le pays peut compter à la fois sur des prestations versées par l’État et par les employeurs, souligne CNN Business. Les régimes d’employeurs sont pour la plupart regroupés en fonction des secteurs d’activité. Les travailleurs néerlandais peuvent pour la plupart compter sur un revenu de retraite équivalant à 80 % de leur salaire. Or, les taux d’intérêt négatifs en Europe jumelés au vieillissement de la population dans le pays ont eu pour effet de réduire le ratio de capitalisation des différents régimes.

Le gouvernement néerlandais a accordé une année supplémentaire aux régimes pour augmenter ces ratios. Aucune baisse de prestations ne sera donc décrétée en 2020, mais la situation demeure incertaine à plus long terme.

Des règles strictes

Il faut dire que les règles de financement des régimes de retraite aux Pays-Bas sont extrêmement strictes. Une coupe dans les prestations versées aux retraités s’expliquerait davantage par le respect de ses règles que par une situation financière désastreuse des régimes.

La réglementation prévoit en effet que les régimes dont le ratio de couverture du passif par l’actif est inférieur à 94 % ou 95 % doivent envisager de réduire les prestations, indique Reuters. Le délai de grâce accordé par le gouvernement permettra aux régimes qui maintiennent un ratio de couverture supérieur à 90 % de maintenir les prestations au même niveau, pour le moment.

L’actif total détenu par les caisses de retraite néerlandaises se chiffre à 1,5 billion de dollars américains, soit l’une des plus grandes réserves de fonds de retraite de la planète.

La semaine dernière, le think tank américain Group of 30 a publié un rapport révélant que le déficit total des systèmes de retraite à l’échelle mondiale atteindra 15,8 billions de dollars américains d’ici 2050, soit 23 % du produit intérieur brut mondial.

Les faibles taux, un casse-tête pour tout le monde

Les difficultés vécues par les régimes de retraite néerlandais sont partagées par la majorité des investisseurs institutionnels de la planète. Les trois quarts d’entre eux (73 %), citent en effet les taux d’intérêt comme principal risque pour leurs portefeuilles, selon un sondage de Natixis Investment Managers.

Les risques géopolitiques ainsi que les craintes d’un ralentissement économique mondial sont les autres enjeux les plus préoccupants, indiquent les répondants.

La grande majorité des investisseurs (81 %) estiment que l’environnement économique actuel rend difficile l’atteinte de leurs objectifs de rendement à long terme. Les trois quarts des répondants soulignent également la difficulté d’apparier leur actif à leur passif.

Face aux faibles taux d’intérêt, 75 % des investisseurs institutionnels croient que le recours aux catégories d’actif non traditionnelles est devenue essentielle.