Applaudi par les syndicats, le projet de loi 149, qui bonifie le Régime de rentes du Québec (RRQ), obtient un accueil beaucoup plus froid de la part de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI).

Dans son mémoire, l’organisme demande ni plus ni moins au gouvernement de « compenser les PME pour les coûts supplémentaires liés aux hausses des cotisations ».

« Même si la hausse des cotisations est étalée sur quelques années, il n’en demeure pas moins qu’à terme en 2025, les employeurs payeront environ 2 G$ de plus en cotisations », affirme Martine Hébert, vice-présidente principale et porte-parole nationale de la FCEI.

Soutenant que les taxes sur la masse salariale sont 50 % plus élevées au Québec que dans les autres provinces, elle estime qu’il est « légitime » de demander au gouvernement de compenser cette hausse notamment par une baisse équivalente des cotisations au Fonds des services de santé.

La FCEI explique aussi qu’elle aurait préféré que le gouvernement laisse la liberté aux travailleurs d’épargner dans le régime de leurs choix, comme un REER ou un CELI, plutôt que d’augmenter les prestations versées par le RRQ.

Vraiment nécessaire, la bonification?

L’organisme de défense des PME va même plus loin en remettant en doute le fait que les travailleurs canadiens aient besoin de cette bonification pour atteindre les cibles de revenus souhaitées à la retraite. Citant une étude de la firme McKinsey, la FCEI soutient que seuls environ 10 % des travailleurs n’épargneraient pas suffisamment pour maintenir leur niveau de vie à la retraite, et que la bonification du RRQ est donc une solution « mal ciblée ».

Cela dit, de nombreuses autres études ont démontré que les travailleurs n’épargnaient pas suffisamment pour leur retraite, et qu’il s’agit d’une importante source d’inquiétude chez les Canadiens.

L’organisme souligne également que le Québec est l’un des endroits où les travailleurs se retirent le plus hâtivement du marché du travail au sein de l’OCDE. « Devant de tels constats, on peut se questionner à savoir s’il existe réellement un problème aussi généralisé que certains le prétendent avec les retraites au Québec. Si tel était le cas, la logique ne voudrait-elle pas que les gens doivent se retirer plus vieux et non plus jeunes du marché du travail? », demande Martine Hébert.

L’intérêt du RVER remis en question

Parmi les recommandations de la FCEI figurent la bonification des incitatifs au travail pour les travailleurs âgés, le report de l’obligation de retirer le RRQ aussi longtemps que la personne travaille et la hausse de l’exemption générale prévue au régime, qui est actuellement de 3000 $.

La FCEI demande en outre l’abrogation de l’obligation faite aux employeurs d’offrir un RVER, la bonification du RRQ venant « enlever la justification liée à l’obligation des employeurs d’en offrir un ».

« Au final, les véritables gagnants de cet exercice seront les régimes d’employeur à prestations déterminées, surtout ceux de fonctionnaires, qui verront leurs déficits actuariels diminuer sur papier, mais sans aucune vraie économie pour les contribuables, incluant les moins nantis. C’est dommage, car en matière de bonification des retraites, le Québec pourrait faire bien mieux et, surtout, à moindre coût », juge Martine Hébert.