La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) qualifie de « peu équitable » la générosité des régimes de retraite des employés du secteur public, et plus particulièrement la « prestation de raccordement », un incitatif à la retraite anticipée qui coûterait des centaines de millions de dollars par année.

Cette mesure permet à de nombreux travailleurs du secteur public qui prennent une retraite anticipée de recevoir une prestation temporaire jusqu’à l’âge de 65 ans. Ainsi, ils peuvent attendre d’avoir atteint cet âge avant de demander leurs prestations du Régime de rentes du Québec (RRQ) ou du Régime de pensions du Canada (RPC). Cette prestation de raccordement leur permet donc de compléter leur revenu de retraite tout en évitant la pénalité et les prestations réduites à vie.

Une mesure coûteuse

Selon la FCEI, le montant de cette prestation est dans la plupart des cas égal à la pleine pension du RRQ/RPC. Il atteint par exemple 8 373 $ par année pour les participants du Régime de retraite des employés du gouvernement et des organismes publics (RREGOP) et 7 476 $ pour ceux du régime de retraite de la fonction publique fédérale.

Uniquement dans la fonction publique fédérale, les coûts totaux de cet avantage se seraient élevés à plus de 385 millions de dollars en 2010-2011, selon des calculs de la FCEI.

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« C’est un fait bien connu : les régimes de retraite de la fonction publique sont très généreux et on leur trouve peu d’équivalents dans le secteur privé en raison des coûts astronomiques que cela représenterait », a déclaré Martine Hébert, vice-présidente principale et porte-parole nationale de la FCEI.

Retraite hâtive dans la fonction publique

L’organisme soutient par ailleurs que plus de 80 % des employés du secteur public ayant pris leur retraite entre 2007 et 2011 avaient moins de 65 ans, comparativement à 60 % dans le secteur privé et 47 % chez les travailleurs autonomes.

« On peut se demander pourquoi les gouvernements, et donc les contribuables, devraient continuer à financer ainsi les retraites anticipées dans la fonction publique. Avouons que cette situation semble peu équitable pour les contribuables qui peinent à épargner pour leur propre retraite », a ajouté Mme Hébert.

La porte-parole recommande aux gouvernements d’emboîter le pas à certains organismes publics, dont la Banque du Canada, qui ont éliminé la prestation de raccordement de leur régime de retraite, « car cet avantage ajoute une pression sur les coûts des régimes de retraite du secteur public, qui sont assumés en grande partie par les contribuables ».

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