Le gouvernement du Québec a récemment annoncé que les assurés du régime public d’assurance médicaments qui prennent un médicament biologique devront, sauf exception, passer à un biosimilaire d’ici avril 2022. Qu’est-ce que cette nouvelle directive signifie pour les régimes privés ?

Les assureurs ne seront pas tenus de s’aligner sur cette orientation gouvernementale qui vise à favoriser l’adoption des biosimilaires. Toutefois, les promoteurs pourront désormais mettre en place des mesures plus restrictives concernant le remboursement des médicaments biologiques, à condition d’offrir une couverture au moins égale à celle du régime public, souligne Normandin Beaudry dans une note d’information.

La firme de consultation indique néanmoins que les ententes de prix confidentielles conclues avec certains fabricants de médicaments biologiques pourraient inciter les assureurs à ne pas instaurer un programme de transition vers les biosimilaires semblable à celui qui s’appliquera dans le régime public. Normandin Beaudry s’attend d’ailleurs à des mouvements importants dans la négociation de ces ententes au cours des prochains mois.

Les différences de couverture entre le régime public et les régimes privés pourraient par exemple susciter des enjeux pour les participants qui passeraient d’un régime privé au régime public et qui ne pourraient plus obtenir le remboursement du médicament biologique qu’il consomme. Des politiques différentes d’un assureur à l’autre pourraient également compliquer la vie des participants qui changent d’emploi. Dans ces situations, un changement d’ordonnance par le médecin serait requis pour permettre un remboursement adéquat au patient.

Normandin Beaudry souligne que ces éléments devront être clarifiés auprès des différents intervenants du marché et que « des modifications contractuelles pourraient être à prévoir, ce qui pourrait nécessiter des discussions entre les parties patronales et syndicales ». De plus, les promoteurs de régimes privés devront prévoir des communications pour sensibiliser et rassurer les participants.

Une période de six mois semble suffisante pour effectuer la transition, selon l’expérience vécue dans les autres provinces canadiennes où une directive pour favoriser le recours aux biosimilaires a été implantée.

Normandin Beadry s’attend à ce que certains assureurs annoncent des programmes de transition plus officiels à l’automne en prévision d’une mise en place simultanée avec le programme du régime public le 12 avril 2022. Selon les observations de la firme, basées sur l’expérience des régimes, les biosimilaires permettent de réaliser des économies pouvant aller jusqu’à 50 % par rapport aux médicaments biologiques de référence. Les politiques de transition plus resserrées permettent également de favoriser l’arrivée de biosimilaires sur le marché canadien.

Avant le Québec, la Colombie-Britannique, l’Alberta et le Nouveau-Brunswick ont émis des directives pour favoriser l’utilisation des biosimilaires dans leur régime public d’assurance médicaments. Des discussions sérieuses sont aussi en cours en Ontario et en Nouvelle-Écosse.