Signe de l’intérêt des investisseurs pour la télémédecine, Dialogue n’a pas raté son entrée à la Bourse de Toronto, un événement qui reste toutefois qu’une « journée dans un long voyage » aux yeux du cofondateur et président-directeur général de l’entreprise, Cherif Habib, qui regarde déjà vers l’avant.

La société désirait récolter environ 100 millions $ dans le cadre de son premier appel public à l’épargne (PAPE), où le prix de chacune de ses 8,34 millions d’actions offertes avait été fixé à 12 $. Au cours de la séance, l’action s’est appréciée d’environ 30 % pour finalement clôturer à 14,26 $, en hausse de 2,26 $, ou 18,8 %. Cela conférait à la société une valeur boursière de 925 millions $.

« Ma réponse aurait été la même si la performance (de l’action) n’avait pas été aussi bonne, mais il ne s’agit que d’une journée, a expliqué M. Habib au cours d’une visioconférence avec La Presse Canadienne. Bien sûr je suis heureux, mais le cours des actions fluctue. Nous avons une approche à long terme et c’est à quoi nous allons nous en tenir. »

Dans le contexte de la pandémie de COVID-19, plutôt que d’aller donner le coup d’envoi à la séance sur le parquet de Bay Street, l’événement a plutôt pris la forme d’une vidéo préenregistrée de quelques-uns des quelque 750 employés de la compagnie applaudissant depuis leur domicile.

Fondée en 2016 par M. Habib, Alexis Smirnov et Anna Chif, Dialogue offre, par l’entremise d’une application, des soins primaires, la santé mentale ainsi que les programmes d’aide aux employés, un service qui est devenu prisé au cours de la crise sanitaire en raison des restrictions imposées pour contenir le nouveau coronavirus.

« La pandémie a montré les bénéfices de la télémédecine, a dit M. Habib. Je crois que les tendances d’adoption se sont accélérées. »

Stratégie d’acquisitions

Dialogue a vu ses revenus bondir pour s’établir à 35,8 millions $, soutenus notamment par son offre de services en ligne, alors qu’ils avaient été de 10 millions en 2019 $. L’entreprise a également profité de l’apport des acquisitions de la compagnie allemande Argumed Consulting Group ainsi que de la société montréalaise Optima Groupe Santé.

Malgré cette forte croissance de ses revenus, l’entreprise n’est pas encore rentable, puisque sa perte nette s’est chiffrée à 20,6 millions $ l’an dernier, alors qu’elle s’était établie à 12 millions $ en 2019. Néanmoins, pour l’année en cours, la société estime que ses recettes récurrentes devraient être supérieures à 60 millions $.

M. Habib n’a pas caché que les acquisitions, quatre transactions ont eu lieu au cours des trois dernières années, seraient au cœur de la croissance de Dialogue. La société a l’intention de se concentrer sur le Canada et l’Allemagne, deux marchés où elle est déjà présente.

« Nous avons plusieurs dossiers sur la table, a expliqué le patron de Dialogue. Je ne peux pas commenter sur le moment de l’annonce d’une transaction, mais nous sommes très avancés dans quelques dossiers. »

D’après l’entreprise, son service est offert à quelque 2,5 millions de Canadiens par l’entremise de quatre des cinq principaux fournisseurs d’assurance collective comme la Financière Sun Life et Desjardins Assurances. Dialogue offre des services directement à des entreprises comme la Banque Nationale, BRP et Lightspeed.

Pour le professeur au département de technologies de l’information à HEC Montréal Guy Paré, Dialogue se trouve dans un marché qui a le « vent dans les voiles ».

« La pandémie a montré que la téléconsultation peut rendre de grands services, a-t-il expliqué au cours d’un entretien téléphonique. Comme ils étaient établis depuis un certain nombre d’années, ils avaient acquis une certaine connaissance du marché. Ils n’ont pas profité de la crise pour s’établir. »
Si le comportement des consommateurs risque de changer lorsque les restrictions seront levées, M. Habib croit néanmoins que la télémédecine est là pour rester. Celui-ci a expliqué que même avant la crise sanitaire, le taux de rétention des entreprises avec qui Dialogue brassait des affaires était près de 100 %.