Pas de répit pour les régimes privés d’assurance médicaments, qui ont encore une fois dû composer avec une croissance des coûts en 2016, a expliqué l’actuaire Jacques L’Espérance la semaine dernière lors de l’édition 2017 de la Conférence Telus Santé de Montréal.

Avec une augmentation de 0,14 % en un an, le coût moyen par réclamation a atteint 56,61 $ l’année dernière au Québec, selon les données des régimes administrés par Telus Santé. À l’échelle canadienne, la hausse s’est chiffrée à 1,12 %.

À titre comparatif, le coût moyen par réclamation avait connu une croissance beaucoup plus importante en 2015 : 4,6 % au Québec et 3,6 % dans l’ensemble du Canada.

Le coût mensuel par certificat (qui inclut l’adhérent couvert ainsi que les personnes à charge qui lui sont rattachées), a pour sa part enregistré une hausse plus marqué de 3,7 % pour s’établir à 103,67 $ dans la province. Cela dit, il s’agit encore une fois d’une augmentation plus faible que celle qu’ont connu les régimes en 2015 (5,2 %).

L’analyse des données selon les groupes d’âge permet de constater que la croissance des coûts a été beaucoup plus élevée chez les jeunes. En effet, le coût mensuel par assuré a augmenté de 10,8 % chez les 10-19 ans et de 7,3 % chez les 20-29 ans, alors qu’il n’a crû que de 1,7 % chez les 30-39 ans et de 1,4 % chez les 50-59 ans.

Les génériques réaffirment leur présence

Plus les années passent, et plus l’utilisation des médicaments génériques devient la norme dans les régimes d’assurance privés. En 2016, 59 % des réclamations des régimes surveillés par Telus Santé au Québec concernaient des médicaments génériques. Il s’agit d’un bond de 4 % par rapport à 2015. Cette proportion demeure toutefois plus faible que dans le reste du pays, où les médicaments génériques constituent 68 % du total des réclamations.

Dans la province, les autres réclamations concernent les médicaments uniques pour lesquels il n’existe aucun équivalent générique (31 %) et les médicaments originaux (10 %). Vu leur prix élevé, les médicaments uniques accaparent en revanche 66 % des coûts, comparativement à 26 % pour les génériques et 8 % pour les uniques.

L’utilisation accrue des génériques est intimement liée aux politiques de substitution des régimes d’assurance. Ainsi, en 2016, il n’y avait plus que 33 % des certificats qui se trouvaient dans des régimes sans aucune substitution générique, par rapport à 31 % dans des régimes avec substitution générique régulière et 36 % avec substitution générique obligatoire.

Selon les calculs de Jacques L’Espérance, les régimes dotés de politiques de substitution générique régulière et obligatoire peuvent réaliser des économies moyennes de 5,2 et 5,3 % respectivement par rapport aux régimes qui n’ont aucune politique en la matière.

L’Ontario et la RAMQ moins chers

Comparativement à leurs voisins Ontariens, les Québécois paient plus cher lors de leur passage en pharmacie. Cet écart s’explique en partie par le fait que les Ontariens ont en moyenne des prescriptions de plus longue durée. Alors que ces derniers reçoivent 62 unités par prescription, les assurés québécois en reçoivent seulement 43, ce qui fait grimper les coûts par unité vendu. Les marges et honoraires par réclamation des pharmaciens sont également plus élevés au Québec (16,63 $) qu’en Ontario (15,34 $).

« Au Québec, on reçoit moins d’unités par réclamation, mais on paie plus cher à chaque fois », résume Jacques L’Espérance. Même en considérant que les Québécois consomment 11 % plus d’unités par année, ils paient au final 74 % plus cher pour le même service que les Ontariens.

La situation des régimes privés du Québec n’est pas plus enviable lorsqu’on la compare au régime public d’assurance médicaments de la RAMQ. Alors que la réclamation moyenne dans les régimes surveillés par Telus Santé atteignait 56,61 $ en 2016, elle se chiffrait seulement à 37,05 $ dans le régime public.

Selon les données présentées par Jacques L’Espérance, les coûts dans le secteur privé ont augmenté de 26 % de plus que ceux de la RAMQ en neuf ans. L’essentiel de cet écart de coût est causé par les marges et honoraires plus élevés de 90 % dans le secteur privé, explique l’actuaire.