Les lignes directrices 2020, publiées en août dernier dans la revue médicale CMAJ, représentent un tournant dans le traitement de l’obésité qui est désormais reconnue comme une maladie chronique complexe nécessitant un soutien à long terme.

Lors de sa présentation dans le cadre du Rendez-vous des promoteurs, le 19 octobre dernier, Dr Yves Robitaille, spécialiste en médecine interne au Centre de médecine métabolique de Lanaudière, a insisté sur l’importance de changer les perceptions et la prise en charge de cette maladie chronique complexe qui touche 1,7 million d’adultes au Québec et coûte environ 3 milliards de dollars par année.

Une nouvelle définition

Le Dr Robitaille se réjouit de voir l’obésité reconnue comme une maladie et non comme « un choix de vie de la part de gens qui mangent trop et ne bougent pas assez ».

Les recherches permettent de mieux comprendre la maladie et de considérer le poids comme « une manifestation des dérèglements qui conduisent à l’accumulation de graisses », précise le médecin, les causes pouvant être génétiques, épigénétiques, hormonaux ou encore liés aux microbiotes.

Une prise en charge différente

La nouvelle définition de l’obésité exige « une approche des soins s’éloignant du “ manger moins et bouger plus ” et doit se concentrer sur la santé et l’expérience globales du patient », souligne le spécialiste.

Dr Robitaille déplore les préjugés et la stigmatisation vécus par les patients obèses. « Des gens ont de la difficulté à se trouver un emploi ou à s’asseoir à leur poste de travail parce qu’il n’est pas conçu pour eux », constate-t-il.

L’obésité est associée à une augmentation de l’absentéisme et du présentéisme, en raison notamment des nombreuses comorbidités qui lui sont associées : apnée du sommeil, cancers, diabète de type 2, maladies de la vésicule biliaire, ostéo-arthrite, maladies cardiovasculaires, etc. « La maladie étant complexe, le traitement est complexe », mentionne le Dr Robitaille. Infirmière, nutritionniste, kinésiologue, psychologue et pharmacothérapie font partie de la prise en charge complète. « Plus il y a d’intervenants et meilleurs sont les succès de nos patients », constate le spécialiste.

Dr Robitaille déplore toutefois une couverture limitée de ces professionnels dans les régimes d’assurance collective. « Les remboursements des infirmières et kinésiologues sont rares et ils sont de plus en plus difficiles à obtenir pour des nutritionnistes, note-t-il. Il faut bonifier les couvertures pour pouvoir développer des programmes. »