Dr Carl-Philippe Larose

Le Dr Carl-Philippe Larose pratique la médecine dans des milieux très différents : en virtuel avec Teledoc Health Canada, dans des milieux favorisés et défavorisés et même dans le Grand Nord.

« La santé mentale, c’est environ 30 % de ma pratique et 80 % des arrêts de travail que je signe », dit-il. Et lorsque les gens ne se sentent pas écoutés par leur employeur, les problèmes sont plus graves. » Selon son constat, les patients qui ne bénéficient pas d’un service d’aide en santé mentale offert par l’employeur sont en arrêt de travail plus longtemps.

Le médecin soulève aussi des enjeux d’équité dans les soins de santé. « Au Québec, qui a le plus de chance de se sortir d’un cancer ? Celui qui habite à Montréal ou celui qui habite à Havre-Saint-Pierre? questionne-t-il. C’est celui qui a le CHUM à côté de chez lui, avec des traitements de radiothérapie!

La réalité, c’est que nous avons un gros territoire géographique avec des soins très épars. Cela fait en sorte qu’on a un manque d’équité par rapport au territoire, un manque d’équité par rapport au revenu et un manque d’équité du point de vue culturel. » Et même si 42 % des entreprises se sont engagées à mettre en place un plan pour assurer l’équité, la diversité et l’inclusion en 2022, il s’agit d’une baisse de 5 % par rapport à 2021. « Parce que c’est difficile de mettre une politique claire en place », admet-il.

Néanmoins, les effets de ces politiques sont observables. « La moitié des démissions ou des changements d’emploi dans les dernières années sont liés au fait que les employés ne se sentent pas écoutés ou intégrés, souligne-t-il. On voit une corrélation évidente entre les politiques qui favorisent la diversité et l’équité, et l’engagement des employés à rester au travail. »

Une stratégie solide commence par des soins de santé efficaces. « Les soins virtuels sont un avantage incroyable pour les troubles de santé mentaux, notamment parce qu’ils réduisent le temps d’attente, souligne le Dr Larose. La moitié des Canadiens attendent au moins un mois avant d’avoir accès à des soins de santé mentale, et 10 % attendent quatre mois. Cela peut conduire à l’automédication ! »

De plus, le numérique donne accès à des soins précis et des ressources qui répondent à la réalité du patient, et dans sa région. « Depuis le début de la pandémie, 40 % des personnes autochtones ont présenté des symptômes de dépression. Les soins virtuels sont un gros moteur d’équité, indique-t-il. Sans compter qu’ils offrent aussi une sécurité en présence de cas graves. »