Plusieurs secteurs de l’économie, comme la santé, l’éducation et le commerce de détail, sont encore à prédominance féminine et on constate des inégalités hommes-femmes, notamment en matière de soins de santé offerts aux travailleurs. Ces inégalités sont d’abord liées à la prévalence et la fréquence de certaines maladies.
« On sait que les hommes sont plus à risque de souffrir de maladies cardiaques, mais les femmes sont plus à risque d’en décéder », indique Valérie Legendre, directrice, solutions en santé mentale à la Sun Life.
Les inégalités de soins sont également liées à une mauvaise compréhension des problèmes de santé qui sont spécifiques aux femmes. « Pas moins de 23 % des femmes vont souffrir de dépression post-partum, mais seulement 30 % d’entre elles auront accès à un traitement », déplore Valérie Legendre.
Aussi, on constate des iniquités concernant la compréhension de certaines manifestations cliniques. « Certains symptômes sont dits « atypiques », parce qu’ils ne correspondent pas aux standards créés par la médecine, qui n’a fait des expérimentations que sur des hommes. Ainsi, lorsqu’une femme consulte à l’urgence avec ces symptômes, elle se fait souvent dire qu’elle fait du reflux gastrique ou qu’elle souffre d’anxiété. »
Par ailleurs, on constate des inégalités dans l’accès aux services de santé et leur utilisation. Les raisons évoquées sont le manque de représentation des femmes dans la recherche médicale (seulement 1,2 % des chaires de recherche au Canada étudient la santé des femmes), certains biais dans les diagnostics et les traitements, et les préjugés.
En ce qui concerne la santé mentale, on observe que la hausse des demandes d’invalidité de longue durée chez les femmes se poursuit toujours deux ans après la pandémie, alors qu’elle a atteint un plateau chez les hommes.
Dès lors, Valérie Legendre énumère trois recommandations aux organisations pour améliorer la santé des femmes au travail : augmenter les montants maximums disponibles pour la couverture des soins psychologiques ou auprès de professionnels en santé mentale, donner accès à des soins virtuels globaux et intégrés et ajouter une couverture pour les services et les médicaments liés à la fertilité.
Valérie Legendre tient aussi à aborder la ménopause, qui s’accompagne de préjugés et d’incompréhension. « Beaucoup de gens, y compris des employeurs, ignorent encore l’impact de la ménopause dans les milieux de travail, constate-t-elle. Il y a plus de cinq millions de femmes âgées de plus de 40 ans sur le marché du travail.
Les employeurs n’ont pas le choix de considérer cet aspect dans les programmes de soutien des régimes de garanties collectives et dans l’étendue des couvertures qui seront proposées. » Elle recommande notamment des activités d’éducation et de sensibilisation, davantage de flexibilité au travail, des soins émotionnels et physiques ainsi que des congés additionnels.