Les perceptions évoluent parfois très lentement dans les milieux de travail, et c’est particulièrement le cas quand il est question des congés de paternité, révèle un sondage de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés (CRHA).

Pas moins de 50 % des quelque 633 travailleurs québécois interrogés sont d’avis que la prise du congé de paternité peut nuire aux pères québécois dans le cadre de leur travail. Rappelons qu’au Québec, le congé de paternité est un congé exclusif pour le père que varie entre 3 et 5 semaines.

La perception du congé parental (congé partageable entre les parents), que ce soit de la direction ou des collègues, est plus favorable lorsque c’est la mère qui s’en prévaut plutôt que le père. En effet, 46 % des répondants estiment qu’il est encouragé par la direction et 62 % qu’il est appuyé par les collègues lorsque c’est la mère qui le prend, alors que ces données chutent respectivement à 31 % et 47 % lorsqu’il est question du père.

« En 2018, un père ou une mère devrait pouvoir profiter de son congé parental sans contrainte. Il est vrai qu’il peut être parfois demandant pour les employeurs de jongler avec la gestion de ces congés. Toutefois et globalement, la société est aujourd’hui gagnante d’avoir adopté une telle mesure en 2006. Ainsi, tous devraient pouvoir s’en prévaloir sans peur du jugement de leur milieu de travail », affirme Chantal Lamoureux, porte-parole de l’Ordre des CRHA.

S’il reste encore beaucoup de chemins à parcourir dans certains milieux de travail, notamment ceux à prédominance masculine, d’autres n’hésitent pas à accommoder les pères pour améliorer la conciliation travail-famille.

Certaines organisation bonifient même le régime d’assurance parentale du Québec (RQAP) en offrant des prestations complémentaires et en mettant en place des mesures facilitant le retour au travail après un congé parental, telles que le retour progressif, les horaires de travail réduits et le télétravail.

Bonifier le RQAP?

L’Ordre des CRHA affirme du même coup « qu’il n’est pas nécessaire » d’apporter des modifications au RQAP, comme le proposait il y a quelques semaines le gouvernement du Québec. Selon l’ordre professionnel, la possibilité d’étalement du congé sur deux ans risquerait d’engendrer des conflits et de donner des maux de tête aux employeurs, qui verront la gestion des congés se complexifier, comme aux travailleurs qui devront évaluer diverses formules.

« Plutôt que de modifier ce régime qui fonctionne bien, il serait préférable de déployer nos efforts pour s’assurer qu’il soit accepté dans tous les milieux et que tous les parents qui le souhaitent puissent en profiter la conscience tranquille. », conclut Mme Lamoureux.

Le Regroupement pour la valorisation de la paternité (RVP) demande de son côté que le congé parental réservé au père soit allongé à huit semaines, et qu’une « campagne sociétale de promotion de la parentalité égalitaire » soit mise en œuvre. L’organisme souhaite également l’adoption de meilleures pratiques de conciliation travail-famille dans les entreprises, car à l’heure actuelle, il serait souvent difficile pour les pères de se prévaloir de ses mesures sans subir de jugement ou de préjugé.