La majorité des travailleurs canadiens sont encore réticents à parler de leurs problèmes de santé mentale à leurs collègues, ce qui les empêche d’obtenir l’aide dont ils ont besoin.

Un sondage de RBC Assurances montre en effet que la stigmatisation a encore de beaux jours devant elle. Les trois quarts des travailleurs canadiens (48 %) avouent qu’ils seraient réticents à admettre à un patron ou à un collègue qu’ils souffrent d’une maladie mentale. Plus du quart d’entre (27 %) eux indiquent qu’ils ne le dirait tout simplement pas. À titre comparatif, seulement 10 % des répondants disent qu’ils ne discuteraient pas de leur maladie physique au travail.

Qu’est-ce qui les retient de parler ouvertement de leur santé mentale? Bon nombre d’employés estiment que le public stigmatise les problèmes de santé mentale, alors qu’un pourcentage similaire disent ne pas vouloir être traités différemment (44 %). Les répondants craignent également d’être jugés (40 %) et de subir des conséquences négatives, comme perdre leur emploi.

En outre près de la moitié (47 %) des travailleurs croient que s’ils admettaient qu’ils souffraient d’une maladie mentale à leur patron ou à un collègue, on remettrait en question leur capacité à faire leur travail. Dans le même ordre d’idées, 20 % des travailleurs disent avoir l’impression que leur patron ou leur collègue les verraient sous un jour défavorable ou se distancieraient d’elles. En comparaison, seulement 7 % ont cette impression pour une maladie physique.

Le sondage recèle tout de même des nouvelles plus encourageantes : les Canadiens sont de plus en plus nombreux à considérer la dépression (53 %) et l’anxiété (41 %) comme des invalidités (comparativement à 47 % et 36 % l’année dernière).

Par ailleurs, lorsqu’on a demandé aux répondants comment ils réagiraient si un collègue ou leur patron admettait souffrir d’une maladie mentale, 76 % disent qu’ils se sentiraient parfaitement à l’aise et qu’ils les soutiendraient.

« Il est encourageant de constater que les Canadiens font le lien entre la maladie mentale et l’invalidité, très probablement en raison du travail d’information et de l’ouverture de ceux qui sont prêts à partager leurs difficultés personnelles, indique Maria Winslow, directrice générale principale, Assurance de personnes à RBC Assurances. Toutefois, il est évident que la perception de la stigmatisation existe toujours, ce qui empêche certaines personnes de parler franchement et de demander de l’aide. »

Les services de soutien sont sous-utilisés

Un sondage similaire de la Financière Sun Life révèle d’ailleurs que 60 % des travailleurs canadiens aux prises avec un problème de santé mentale n’utilisent pas les services de soutien offerts par leur employeur, et que plus des trois quarts (78 %) n’ont pas utilisé les services financés par l’État. Pourtant, la proportion de Canadiens ayant déjà souffert d’un problème de santé mentale continue de croître (59 % en 2019 par rapport à 52 % en 2017).

La situation est particulièrement critique chez les jeunes travailleurs. D’ici 2020, les personnes de la génération Y formeront environ la moitié de la main-d’œuvre. Or, deux millénariaux sur trois ont affirmé avoir déjà connu un problème de santé mentale. La bonne nouvelle, c’est que 76 % d’entre eux en ont parlé à leurs proches.

Quand il s’agit de trouver de l’aide en santé mentale, cependant, les Y sont les moins enclins à consulter un professionnel de la santé (39 %). Et 61 % d’entre eux n’ont pas utilisé les services en santé mentale offerts à leur travail. Outre les programmes d’aide offerts par l’employeur, il existe des programmes de thérapie gratuite ou en ligne financés par l’État, mais 76 % des Y les boudent.

« Nous avons tous un rôle à jouer pour soutenir le bien-être et la santé mentale des Canadiens. Comme employeur, nous devons créer un milieu de travail ouvert pour les employés et nous assurer qu’ils se sentent appuyés quand ils vivent un problème, affirme Jacques Goulet, président de Sun Life Canada. Nous pouvons faire tomber les barrières et ouvrir la porte à une meilleure communication quand quelqu’un souffre d’un problème de santé mentale. L’aide existe. Personne ne devrait affronter seul un tel défi. »