Malgré le fait qu’ils se sentent presque constamment débordés, très peu de parents québécois se prévalent des mesures de conciliation travail-famille offertes par leur employeur. C’est le constat plutôt étonnant d’un sondage commandé par le Réseau Québec Famille.

La grande majorité (82 %) des quelque 3000 parents interrogés disent ainsi avoir accès à des mesures de conciliation travail-famille, mais la plupart d’entre eux (64 %) n’y ont recours que quelques fois par année, voire moins, rapporte Le Soleil.

Pour les employés, les mesures de soutien en milieu de travail représentent donc une solution de dernier ressort. Ils préfèrent se débrouiller seuls. « Quand ils demandent des mesures d’accommodement, c’est parce qu’ils ont épuisé toutes les autres solutions », analyse Marie Rhéaume, directrice générale du Réseau Québec Famille.

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L’importance des mesures formelles

Le problème n’est donc pas tant le manque d’offre en matière de conciliation travail-famille, mais plutôt le fait que les employés s’en privent volontairement. Comment renverser la vapeur?

Marie Rhéaume soutient qu’une partie importante des mesures sont informelles et « négociées » entre l’employé et son supérieur. Or, les travailleurs seraient plus hésitants à demander des accommodements en l’absence d’une politique claire et formelle.

« Il faut faire attention quand on fait des choses formelles de ne pas rendre ça trop rigide. Ça ne veut pas dire que tout le monde pareil c’est nécessairement équitable», prévient toutefois Chantal Lamoureux, porte-parole de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés, en entrevue au Soleil.

Parmi les mesures de conciliation travail-famille les plus utilisées par les employés, on note les horaires flexibles (52 %), les congés payés pour responsabilités familiales (34 %), les banques de temps accumulés (33 %) et le télétravail (19 %).

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Dissiper les craintes

L’enjeu est également culturel, croit Mme Rhéaume. Pour elle, la propension des parents à se débrouiller par leurs propres moyens démontre qu’ils ressentent une forte pression sociale pour prendre individuellement leurs responsabilités.

« Ce qu’on observe, c’est que dans les entreprises, on fait des politiques, mais ça prend un bout de temps avant que la culture organisationnelle change », confirme Chantal Lamoureux. Les employés craignent notamment que leur cheminement de carrière ou que la perception de leur collègue soient influencés négativement s’ils acceptent des mesures de conciliation.

Cela dit, la plupart des employés considèrent que la conciliation n’est pas perçue comme une nuisance à l’avancement de leur carrière (62 %) ou aux relations avec les collègues (75 %). Seulement 5 % des répondants disent avoir déjà reçu des commentaires négatifs ou une sanction formelle suite à un retard ou une absence pour obligation familiale.

Le sondage vient aussi confirmer ce que de nombreux employeurs ont déjà constaté : la conciliation travail-famille est une préoccupation majeure chez les employés. Tellement que 55 % d’entre eux seraient prêts à changer d’emploi et 37 % à accepter une baisse de salaire pour obtenir plus de flexibilité. La tendance est encore plus marquée chez les milléniaux, où ces proportions atteignent respectivement 68 % et 43 %.

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